Laurent Vivier, directeur du groupe Total : « le gaz naturel liquéfié est une alternative énergétique évidente »
En Côte d’Ivoire, la major française va construire un terminal d’importation de GNL pour approvisionner les centrales du pays. L’opportunité pour Abidjan de créer un hub électrique.
Le marché du gaz en voie d’explosion en Afrique
Découverte de nouveaux gisements, réorganisation du secteur, perspectives d’avenir… Le marché du gaz est en expansion sur le continent.
Quelle est la genèse de votre projet de terminal d’importation de GNL et de regazéification, qui devrait entrer en exploitation à Abidjan en 2019 ?
Ce projet est issu d’une réflexion de long terme menée par les autorités ivoiriennes sur la production d’électricité. Après avoir opté pour la construction de deux centrales à gaz [d’Azito et de Vridi] approvisionnées par des gazoducs reliés aux gisements ivoiriens, le gouvernement cherchait un moyen pour les faire fonctionner indépendamment des problèmes techniques et de l’insuffisance de la production ivoirienne.
L’ex-ministre du Pétrole et de l’Énergie, Adama Toungara, qui voulait faire de la Côte d’Ivoire un véritable hub électrique, nous a approchés pour trouver une solution. Nous avons opté pour la construction d’une barge de stockage et de regazéification de GNL importé [FSRU], dont la technologie est désormais éprouvée et abordable. Il est possible de construire de telles installations et de les faire entrer en production en seulement dix-huit mois, alors que cinq années étaient nécessaires auparavant ; et ce pour 150 millions d’euros, ce qui est cinq fois moins cher que l’installation à terre.
Nous avons soumis cette proposition, qui a été acceptée par le gouvernement ivoirien. Total sera l’opérateur et l’actionnaire principal du terminal, avec 34 % des parts, en coentreprise avec Petroci, la compagnie pétrolière ivoirienne, et l’électricien CI-Energies.
Nous vendons actuellement environ 7 millions de tonnes de GNL, mais voulons doubler ce chiffre.
D’où va venir le GNL importé en Côte d’Ivoire ?
Du monde entier ! Le marché du GNL se mondialise. Contrairement aux gazoducs, qui font dépendre l’approvisionnement d’un seul fournisseur, le GNL offre l’avantage de la flexibilité. Les navires pourront venir aussi bien des États-Unis, qui sont en train de devenir un exportateur majeur, que de la mer du Nord, et bien évidemment d’Afrique, du fait de la proximité des nouvelles barges africaines de production de GNL [FLNG].
Quel est l’intérêt pour Total de participer à un tel projet ?
En volume, la production de gaz de Total est à peu près la même que celle de pétrole en équivalents barils. Nous sommes déjà l’un des leaders mondiaux du gaz naturel. Avec nos projets extractifs en cours de développement, la production de GNL de Total va passer de 11 à 21 millions de tonnes en cinq ans. Nous vendons actuellement environ 7 millions de tonnes de GNL, mais voulons doubler ce chiffre.
Nous voyons le GNL comme une alternative idéale au charbon ou au fioul pour la génération électrique, sur les plans tant économique qu’environnemental. Il y a une nouvelle demande en GNL dans les pays émergents, qui ont besoin de plus de gaz pour satisfaire leurs besoins croissants en électricité, lesquels ne peuvent plus être couverts par leur production domestique. Outre la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Sénégal, le Togo, le Ghana, le Kenya et l’Afrique du Sud réfléchissent à des terminaux FSRU. Avec ce projet, nous voulons apparaître comme un partenaire de choix pour ces pays en recherche d’une alternative énergétique.
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