Et il est comment le dernier… Sylvestre Amoussou ?

Lors du dernier Fespaco, ce fut le film le plus applaudi. « L’Orage africain » fut même mieux accueilli que le superbe Félicité d’Alain Gomis, qui obtint l’Étalon d’or du festival.

L’Orage africain, de Sylvestre Amoussou(sorti en France le 1er novembre)

L’Orage africain, de Sylvestre Amoussou(sorti en France le 1er novembre)

Renaud de Rochebrune

Publié le 22 novembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Récompensé sans surprise par un Étalon d’argent, L’Orage africain, du pétulant acteur-producteur-scénariste-réalisateur béninois Sylvestre Amoussou, n’a pas raté son envol festivalier sur le sol africain avant de sortir quelques mois plus tard dans les salles.

On avait été agréablement surpris, il y a une dizaine d’années, par le scénario original du premier long-métrage d’Amoussou, Africa Paradis. Cette comédie, parfois un peu simpliste mais très enlevée, partait d’une idée amusante et porteuse d’un beau thème de réflexion, exprimé par son sous-titre : « Et si l’immigration changeait de camp ? »

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En bref, l’Europe était désormais un continent en crise dont les habitants fuyaient la misère, cherchant par tous les moyens à rejoindre une Afrique devenue riche et attirante. Refoulés par les consulats, les candidats à l’émigration n’hésitaient pas à franchir clandestinement les frontières pour rejoindre un supposé eldorado. Un couple d’Européens expérimentait à ses dépens ce que peut être la vie d’un immigré indésirable dans un pays lointain…

Entre farce et comédie

C’est donc avec intérêt qu’on attendait le nouveau film de ce cinéaste imaginatif s’intéressant une nouvelle fois aux rapports Nord-Sud. L’Orage africain, qui oscille entre farce et comédie, raconte comment, pour sortir son pays de la pauvreté, un chef d’État africain décide à la surprise générale d’employer les grands moyens : il annonce la nationalisation immédiate et sans indemnisation de toutes les entreprises étrangères exploitant les richesses de son sous-sol.

« La danse des panthères, affirme-t‑il, est terminée. » Mais il va lui falloir compter avec la contre-attaque, orchestrée par une femme d’affaires européenne perverse et décidée, des sociétés occidentales qui se retrouvent privées de leur rente néocoloniale. Appel à des mercenaires pour semer le désordre, corruption du Premier ministre, qui rêve d’être président à la place du président, tout est mis en œuvre pour déstabiliser le pouvoir, qui, n’étant pas à court d’imagination, ne se laisse pas faire.

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Une fiction peu crédible

Avec un tel sujet, difficile de ne pas emporter l’adhésion du public. Hélas, les bons sentiments et les causes gagnées d’avance font rarement les meilleurs films. Surtout quand le scénario mis en scène paraît très daté : le problème de la récupération des ressources naturelles est surtout un thème des années 1970 ou 1980, pas une question cruciale des années 2010. Reste donc un film certes agréable à voir, mais sans grande portée et peu crédible, même comme fiction. Dommage.

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