Génération Bouteflika – Abdelghani Hidouche : « Nous vivons sur nos gloires révolues »

Abdelghani Hidouche, âgé de 28 ans, est graphiste. Comme les six autres jeunes dont Jeune Afrique vous livre le témoignage, il n’a connu qu’un seul président.

Abdelghani Hidouche © Romain Laurendeau/ JA

Abdelghani Hidouche © Romain Laurendeau/ JA

FARID-ALILAT_2024

Publié le 5 décembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Abdelaziz Bouteflika, alors ministre de la Jeunesse, des Sports et du Tourisme, le 27 septembre 1962. © Archives JA
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Algérie : génération Bouteflika

Ils sont nés dans les années 1990 et n’ont connu qu’un seul président. JA vous livre le témoignage de sept d’entre eux. Leur perception de la vie politique, leurs motifs de satisfaction, leurs déceptions et leurs rêves… Ils se confient sans fard.

Sommaire

«L’élection de Bouteflika, en avril 1999, a fait le bonheur de ma grand-mère. Elle qui avait connu les souffrances, les privations et les sacrifices de la guerre de libération était aux anges. Elle disait que le nouveau président était ce messie tant attendu et qu’il allait redresser le pays, apaiser ses tourments et restaurer son image à l’étranger. Pour ma grand-mère, Bouteflika est l’incarnation du FLN de 1954, celui des chouhada et des moudjahidine [“martyrs” et “maquisards”] qui ont libéré le pays du joug colonial.

Comme nombre de jeunes de ma génération, je suis lassé de ce discours passéiste. Nous sommes un pays qui vit sur le passé. C’est toujours la même rengaine.

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Les victoires du passé

Nous avons chassé la France en juillet 1962, nous avons récupéré notre pétrole en février 1971, Alger était La Mecque des révolutionnaires sous Houari Boumédiène, nous avons battu l’Allemagne au Mondial, en Espagne, en juin 1982, nous avons terrassé l’équipe d’Égypte à Oum Dourmane, au Soudan, en novembre 2009… Nous vivons sur nos gloires révolues.

À force de nous raccrocher au passé, nous oublions le présent et avons peur de demain. Je ne sais pas si nos voisins du Maghreb et les autres peuples réfléchissent ainsi, mais nous, Algériens, avons souvent le regard bloqué sur le rétroviseur. La faute incombe en grande partie à nos dirigeants, qui nous ramènent sans cesse trente, quarante ou cinquante ans en arrière.

Dégoût de la politique

Pourquoi la vie politique m’indiffère ? J’ai voté une seule fois. C’était à la présidentielle de 2009. J’étais obligé d’aller glisser mon bulletin dans l’urne parce qu’on avait exigé ma carte d’électeur pour me délivrer un document administratif.

Les jeunes ne sont pas attirés par la politique parce que les politiques ne s’intéressent pas aux jeunes.

C’est la première et dernière fois que je me suis rendu dans un bureau de vote. Ce n’est plus un devoir citoyen ou un acte militant, mais du marchandage de voix. Les jeunes ne sont pas attirés par la politique parce que les politiques ne s’intéressent pas aux jeunes. Il ne faut donc pas s’étonner qu’on batte des records d’abstention à chaque scrutin.

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S’accrocher aux petits détails

Qu’est-ce qu’être heureux en Algérie ? Le bonheur tient à quelques détails. Pouvoir voyager sans visa, se déplacer en voiture sans être bloqué dans des embouteillages, ne pas faire la queue trois heures pour retirer de l’argent à la Poste, trouver une location qui n’engloutisse pas tout ton salaire, obtenir un rendez-vous dans une administration sans piston ou encore disposer d’une bonne connexion internet. »

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