Aérien : Air Sénégal échappera-t-elle au cimetière des compagnies ?

Avant le lancement d’Air Sénégal, le pays a connu en quinze ans deux échecs retentissants.

Un avion aux couleurs d’Air Sénégal sur le tarmac de l’Aéroport International Blaise Diagne, en septembre 2017. © Photo : DR / AIBD / Air Sénégal

Un avion aux couleurs d’Air Sénégal sur le tarmac de l’Aéroport International Blaise Diagne, en septembre 2017. © Photo : DR / AIBD / Air Sénégal

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Publié le 6 décembre 2017 Lecture : 2 minutes.

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C’est une triste loi des séries que Philippe Bohn et Jérôme Maillet devront faire oublier s’ils veulent assurer la crédibilité, donc la pérennité, d’Air Sénégal. Depuis la cessation des activités d’Air Afrique en 2002, deux compagnies nationales ont successivement mis la clé sous la porte : Air Sénégal International (2001-2009) et Sénégal Airlines (2011-2016).

Après des débuts prometteurs, qui en avaient fait la principale compagnie d’Afrique de l’Ouest, la première a été sabordée à la suite de différends entre l’État sénégalais et son partenaire stratégique, Royal Air Maroc (RAM), qui détenait 51 % du capital. Dans la précipitation, les autorités sénégalaises créent aussitôt une nouvelle compagnie, dont le capital –17 milliards de F CFA (environ 26 millions d’euros) – est réparti entre l’État et des investisseurs privés. Mais ces derniers libéreront seulement une fraction du capital, lequel apparaît nettement insuffisant pour asseoir une compagnie aérienne sur un marché devenu très concurrentiel.

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Surendettement spectaculaire

Sous-capitalisée, tributaire de choix stratégiques discutables quant aux lignes desservies (le vol direct Dakar-Paris n’a jamais été exploité) ou au type de contrats de location de ses appareils, Sénégal Airlines s’enfonce rapidement dans un surendettement spectaculaire (65 milliards de F CFA). Malgré ses intentions affichées de faire du futur aéroport international Blaise-Diagne (AIBD) un hub aérien régional de premier plan, l’État sénégalais reste comme prostré, assistant sans vraiment réagir à la descente aux enfers du pavillon national, qui finira par cesser toute activité en avril 2016.

« Le président de la République a décidé d’aider cette compagnie, car elle s’inscrit dans un plan de relance beaucoup plus vaste de l’économie sénégalaise », assurait à JA, à la fin de 2014, le directeur général de Sénégal Airlines, Mayoro Racine. Pendant deux ans, ce dernier a voulu croire qu’un partenariat stratégique avec une compagnie de premier plan serait l’antidote au déclin annoncé de Sénégal Airlines. Une perspective qui ne s’est jamais concrétisée.

L’industrie aéronautique est encore dans une position d’attente, estime un connaisseur

« La nouvelle compagnie devra forcément nouer des partenariats, mais après deux échecs successifs il lui faudra d’abord faire ses preuves », analyse un bon connaisseur du secteur aérien au Sénégal qui estime que « l’industrie aéronautique est encore dans une position d’attente ». Sans compter qu’en annonçant son intention de se positionner aussi bien sur le marché régional que sur les liaisons Afrique-Europe la nouvelle compagnie ne se fera pas que des amis. « La volonté du Sénégal d’empiéter sur la chasse gardée des majors européennes [en vol direct] et de la RAM [via son hub de Casa] est mal perçue par ces dernières, qui ne feront rien pour lui faciliter la tâche », conclut notre source.

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