Côte d’Ivoire : incertitudes
Depuis plusieurs mois, le président ivoirien laisse planer le doute sur l’éventualité d’un troisième mandat.
Côte d’Ivoire : la présidentielle de 2020, c’est déjà demain
A moins de trois ans de l’échéance du deuxième mandat d’Alassane Ouattara les attentes sociales demeurent nombreuses. Et la classe politique est déjà centrée sur la prochaine présidentielle.
«En politique, on ne dit jamais non. » En lâchant ces quelques mots, Alassane Ouattara savait qu’il laisserait libre cours aux spéculations les plus folles. Feignant d’oublier ses engagements passés, abandonnant le temps où il évoquait un départ de la présidence avant même la fin de son mandat, balayant les rumeurs sur sa fatigue et sa lassitude du pouvoir, le président ivoirien laisse désormais planer le doute sur ses ambitions pour 2020.
Peut-être veut-il simplement faire taire les ambitions dévorantes qui émergent dans son camp. Guillaume Soro ne confie-t-il pas que seule une candidature du chef de l’État le ferait renoncer à se présenter ? Peut-être Alassane Ouattara tente- t-il de rassurer un entourage inquiet face aux agitations de l’année qui vient de s’écouler et, pour certains, à l’idée de perdre quelques privilèges. Peut-être est-ce seulement une façon de gagner du temps et de la sérénité.
Il est en tout cas désormais impossible d’exclure que le chef de l’État songe effectivement à un troisième mandat. Ses proches se chargent d’ailleurs de rappeler que, depuis l’adoption, en 2016, d’une nouvelle Constitution et de la suppression de la limite d’âge, cela serait légal.
Un éventuel troisième mandat
Nul ne sait ce que concocte vraiment Alassane Ouattara, si ce n’est lui-même. Mais en obligeant ses concitoyens à « attendre 2020 » pour avoir sa réponse, il plonge le pays dans une profonde incertitude.
Ouattara et Bédié se donneraient ainsi toutes les chances de laisser derrière eux une Côte d’Ivoire que leur cogestion a permis de faire redémarrer
Une méthode éprouvée par son turbulent allié, Henri Konan Bédié. Le Sphinx de Daoukro s’est fait une spécialité de ne jamais rien dire, ou si peu, pour laisser s’échafauder les scénarios les plus fous. Depuis ses villas cossues d’Abidjan ou de Daoukro, il souffle le chaud et le froid, s’affiche un jour avec l’un, le lendemain avec son ennemi, et aime laisser croire qu’il peut, à tout moment, modifier la destinée de son pays.
Il suffirait pourtant d’une seule phrase de ces deux chefs pour mettre fin aux spéculations et aux intrigues. Un simple accord sur un candidat commun pour 2020, et la plupart des menaces sur la stabilité du pays disparaîtraient. Ouattara et Bédié se donneraient ainsi toutes les chances de laisser derrière eux une Côte d’Ivoire que leur cogestion a permis de faire redémarrer. Le bilan est certes imparfait, mais les progrès sont nombreux. La paix est revenue, l’économie est repartie. Pour la majorité des Ivoiriens, la vie est plus douce qu’il y a une dizaine d’années. Reste à prouver que la démocratie ne sera plus mise en danger.
Rassemblement des républicains
Félix Houphouët-Boigny avait refusé d’organiser sa succession, laissant derrière lui un pays durablement fragilisé et divisé. Déjà rivaux à l’époque, Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo – qui, depuis La Haye, refuse de laisser émerger d’autres figures à la tête de l’opposition – continuent aujourd’hui de faire tanguer la Côte d’Ivoire au gré de leurs inimitiés.
Alors que 75 % de la population a moins de 35 ans, il pourrait être opportun, en 2020, de transmettre le témoin
Âgés respectivement de 83, 75 et 72 ans, tous trois règnent encore sans partage sur leur parti, décidant de l’avenir du pays. Alors que 75 % de la population a moins de 35 ans, il pourrait être opportun, en 2020, de transmettre le témoin. Et, cette fois, de dire non.
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Côte d’Ivoire : la présidentielle de 2020, c’est déjà demain
A moins de trois ans de l’échéance du deuxième mandat d’Alassane Ouattara les attentes sociales demeurent nombreuses. Et la classe politique est déjà centrée sur la prochaine présidentielle.
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