Technologie : drones multi-usages
Du secteur médical à l’agriculture en passant par l’industrie extractive, l’usage professionnel des engins autonomes volants se développe sur le continent. Un nouveau marché en pleine expansion.
DHL, Amazon ou Google auraient aimé être les pionniers de la livraison par les airs. Mais au Malawi, Matternet a pris une longueur d’avance. En mars 2016, la start-up californienne a testé pour l’Unicef l’envoi par drone d’échantillons de sang prélevés sur des enfants afin d’effectuer un diagnostic du VIH. Le temps de transport a été réduit de onze jours à deux heures en moyenne. Jugée concluante, l’expérience a incité l’État à ouvrir début juillet un couloir aérien grâce auquel 12 entreprises, ONG et universités vont pouvoir proposer de nouveaux services comme le transport de vaccins ou de médicaments, ou l’analyse d’images permettant de mieux gérer les situations de catastrophes naturelles.
Au Rwanda, une autre start-up américaine a marqué les esprits en inaugurant ses premiers vols commerciaux en octobre 2016. Zipline approvisionne sept hôpitaux en poches de sang. Depuis leurs débuts, ses mini-avions ont effectué plus de 1 400 missions, avec un taux d’échec de moins de 1 %. Encouragée par ces résultats, la société prévoit d’ouvrir à la fin 2017 un second « droneport », qui lui permettrait de couvrir 100 % des hôpitaux du Rwanda. Avant de s’implanter en Tanzanie.
Près de 3 400 drones à usage professionnel en Afrique du Sud
Longtemps considérés comme des jouets high-tech, quand ils n’ont pas une réputation de robots tueurs, les drones, pilotés à distance ou préprogrammés, ont totalement changé de statut. En plus de la livraison de petits colis, ils sont utilisés pour surveiller l’état d’ouvrages d’art, faire de la cartographie en 3D ou du comptage d’animaux, observer la croissance des cultures, pulvériser des traitements ou évaluer des stocks de minerais.
Malgré une législation stricte, l’Afrique du Sud est le pays le plus dynamique dans ce domaine. Selon une étude publiée à la mi-2017, on y recense près de 3 400 drones à usage professionnel, pour un chiffre d’affaires global d’environ 2 milliards de rands (environ 125 millions d’euros). Ces derniers mois, trois entreprises de la nation Arc-en-Ciel ont profité d’investissements d’un montant égal ou supérieur à un demi-million de dollars.
En octobre, UAV Industries a annoncé avoir reçu 499 000 dollars (424 000 euros) de la société Glenheim Venture Capital pour développer ses activités de location de drones et de formation de pilotes. En août, le fonds kényan Savannah et la société d’investissement sud-africaine 4DI Capital avaient déjà injecté environ 510 000 euros dans la jeune pousse Aerobotics, spécialisée dans l’analyse d’images prises par ces engins volants.
Drones d’entrepreneurs
Mais la plus grosse transaction à ce jour reste l’acquisition en février, pour 633 000 euros, de la société sud-africaine Rocketmine par le groupe Delta Drone. Établie dans la périphérie de Lyon, cette entreprise française est l’un des leaders mondiaux du traitement d’images aériennes. L’opération devrait donner les moyens à Rocketmine, numéro un des services offerts par le secteur à l’industrie extractive, de se développer aussi en Amérique du Sud.
Si ces marchés sont moins structurés en Afrique francophone, l’utilisation des drones s’y développe également. Pas un événement sportif ou culturel sans l’utilisation d’images aériennes. Une tendance confirmée par l’ouverture fin octobre par le français Drone Volt du premier centre de formation d’Afrique dans la capitale économique ivoirienne.
Quelques entrepreneurs locaux, comme le Nigérien Aziz Kountché, PDG de Drone Africa Service, ou le Camerounais William Elong, avec la société Will & Brothers, occupent le terrain. Ils devraient être rapidement rejoints par de plus gros acteurs. Après des tests menés avec succès en juin, Delta Drone s’est associée à Bureau Veritas pour proposer des solutions à destination du secteur agricole pour toute l’Afrique de l’Ouest.
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