Cinéma : Maggie Mulubwa, portrait d’une petite ensorceleuse

Sa belle chevelure et ses longues tresses, pour moitié de couleur bleue, lui assurent un look original. Mais, bien que vedette d’un film qui a connu un vif succès critique, notamment au Festival de Cannes, Maggie Mulubwa ne joue pas à la star.

La jeune actrice du film « I’m not a witch », Margaret Mulubwa. © eric feferberg/AFP

La jeune actrice du film « I’m not a witch », Margaret Mulubwa. © eric feferberg/AFP

Renaud de Rochebrune

Publié le 8 janvier 2018 Lecture : 2 minutes.

Maggie Mulubwa apparaît même toute timide à la veille de la sortie française d’I Am Not a Witch. Cependant, du haut de ses 9 ans, la petite Zambienne ne craint pas d’affronter avec un beau sourire toutes les questions qu’on lui pose, n’hésitant jamais à avouer dans un anglais plutôt bien maîtrisé qu’elle ne sait pas trop quoi répondre. Il faut dire que l’aventure qu’elle vient de vivre a de quoi la déconcerter.

Il y a deux ans, après avoir auditionné sans résultat près de mille candidates, la réalisatrice d’origine zambienne Rungano Nyoni désespérait de trouver enfin l’enfant qui pourrait incarner Shula, une fillette accusée de sorcellerie, et jouer le rôle-titre de son premier long-métrage. Elle s’était alors souvenue du regard à la fois perçant, farouche et impassible d’une petite fille de 8 ans photographiée par son mari, dans le nord de la Zambie, lors de repérages.

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De la Zambie à la Croisette

C’est grâce à l’aide d’un chef traditionnel de cette région dont est originaire sa famille qu’elle a pu, non sans mal, identifier cette inconnue non scolarisée, puis persuader sa mère de la laisser quitter son village pour faire des essais à Lusaka.

Et voilà comment, à la fin de mai 2017, devenue sorcière de cinéma alors même qu’elle ignorait tout de la sorcellerie, Maggie Mulubwa s’est retrouvée sur la Croisette pour la première mondiale d’un film qu’elle découvrait, mais n’osait pas vraiment regarder, cachant le plus souvent son visage derrière ses mains car elle « avait peur d’être mauvaise ».

Être devant la caméra pendant des heures, c’était quand même très fatigant

Entre-temps, et sans regrets, elle a complètement changé de vie. Grâce à une collecte de fonds organisée par la réalisatrice, elle a pu, après le tournage, aller pour la première fois à l’école, à Lusaka, où elle habite désormais. Et elle a tout de suite démontré qu’elle était non seulement une actrice-née, mais aussi une petite fille très douée : en l’espace de moins d’un an, elle a appris à parler anglais, a adoré l’arithmétique et avalé les cours de « first grade » à vive allure, au point qu’à la prochaine rentrée elle sautera une classe.

Comment voit-elle son avenir ? Elle aimerait, dit-elle, devenir institutrice. Actrice ? Qui sait, si on lui propose à nouveau de jouer… Car elle a beaucoup aimé cette première expérience, « même si, souvent, être devant la caméra pendant des heures, c’était quand même très fatigant ».

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