Mali : Soumeylou Boubèye Maïga, le joker d’Ibrahim Boubacar Keïta

Nommé à la primature après la démission d’Abdoulaye Idrissa Maïga, ce politicien chevronné s’est vu confier la mission de redorer le blason du président malien et de lui offrir la victoire au scrutin d’août 2018.

Soumeylou Boubèye Maïga (SBM) à Bamako, le 5 janvier 2018. © Emmanue Daou Bakary

Soumeylou Boubèye Maïga (SBM) à Bamako, le 5 janvier 2018. © Emmanue Daou Bakary

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Publié le 11 janvier 2018 Lecture : 3 minutes.

Depuis combien de temps ce vétéran de la politique malienne attendait-il son heure ? Si la démission d’Abdoulaye Idrissa Maïga, vendredi 29 décembre, était une surprise, la nomination de Soumeylou Boubèye Maïga (SBM) pour lui succéder à la tête du gouvernement n’a étonné personne.

À chaque remaniement depuis l’élection d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), en 2013, son nom revenait en effet avec insistance.

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À la tête d’une équipe très peu renouvelée de 36 membres, SBM sera finalement le cinquième – et vraisemblablement le dernier – occupant de la primature au cours de ce quinquennat. « C’est un modèle de patience et de pugnacité, confirme l’un de ses proches. Il ne lâche rien. Lorsqu’il veut quelque chose, il finit toujours par l’obtenir. » Ce caractère lui a d’ailleurs valu son surnom : « le Tigre ».

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À 63 ans, « Boubèye », le puissant secrétaire général de la présidence depuis 2016, succède ainsi à un autre « Maïga », originaire comme lui du nord du pays. Mais la ressemblance s’arrête là.

Après seulement huit mois à la tête du gouvernement, Abdoulaye Idrissa Maïga était devenu un Premier ministre contesté jusqu’au sein de son parti, qui s’était mis à douter de son efficacité à moins d’un an de la prochaine présidentielle.

SBM, lui, a une nouvelle fois su s’imposer comme le dernier recours pour un président en difficulté. Car, sous ses costumes bien taillés et derrière ses petites lunettes rondes, se cache un stratège, parfait connaisseur des hommes et des rouages de la politique malienne.

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Un solide passé ministériel

Comme en 2013, lorsque face à une armée en déroute IBK lui avait confié le portefeuille de la Défense, SBM est surtout attendu sur le dossier sécuritaire.

Son prédécesseur, qui entretenait des relations compliquées avec certains groupes armés, notamment des alliés du gouvernement, n’a pas réussi à mettre fin aux troubles dans le nord du pays. SBM va, à son tour, tenter de faire appliquer la feuille de route de l’accord d’Alger, signé en mai 2015.

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Natif de Gao, il peut se prévaloir d’une parfaite connaissance de l’ensemble des protagonistes. Il les côtoie depuis que lui ont été confiés la tête de la Sécurité d’État (1993-2000) puis le ministère des Forces armées.

Son passage aux Affaires étrangères (2011-2012), sous la présidence d’Amadou Toumani Touré, puis son récent rôle de vice-médiateur dans la crise centrafricaine pour le compte de l’Union africaine lui ont permis de renforcer ses réseaux à l’étranger : apprécié dans les milieux diplomatiques, il l’est aussi à Alger, partenaire incontournable du Mali.

Un personnage clivant

Animal politique redouté et clivant, « le Tigre » s’est aussi montré capable de faire le dos rond. En 2014, face aux critiques après la déroute de l’armée à Kidal, il démissionna de son poste de ministre de la Défense, avant qu’une commission d’enquête parlementaire l’exonère.

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Plus qu’un homme de confiance, SBM est un intime d’IBK, prêt au sacrifice. Il est également très proche de son fils, Karim, qu’il connaît depuis les années 1990, lorsqu’ils étaient tous deux cadres de l’Adema.

Désormais à la tête de l’ASMA-CFP, petit parti de la mouvance présidentielle, SBM devra resserrer les rangs autour du chef de l’État. La candidature d’IBK à un second mandat est en effet quasi certaine, mais le président sait que cette fois-ci le match sera serré.

« Le Tigre », habitué des missions délicates, entraîneur de basket de haut niveau dans sa jeunesse, va devoir user de tout son sens tactique pour mener son camp à la victoire.

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