Putsch déjoué en Guinée équatoriale : les commanditaires présumés désignés par Malabo
Qui sont les commanditaires présumés du coup d’État déjoué fin décembre ? Portrait des principales personnalités désignées par les autorités équato-guinéennes.
Putsch déjoué en Guinée équatoriale : qui voulait la chute d’Obiang ?
Fin décembre, Malabo a affirmé avoir déjoué un coup d’État. Des « mercenaires » ont été arrêtés, des personnalités politiques interpellées et accusées d’avoir fomenté cette tentative de putsch. Enquête sur les dessous de cette « opération Obiang » qui a fait long feu.
• Salomon Abeso Ndong, l’opposant en exil
Originaire de la région de Mongomo comme le chef de l’État, cet opposant exilé entre Londres et Paris, où il possède un pied-à-terre, est la principale personnalité désignée par Malabo.
Contacté par JA, l’homme âgé de 54 ans dément être impliqué, ou même connaître les acteurs arrêtés, notamment Hamed Yalo, qui réside lui aussi en région parisienne. Cet homme d’affaires passé par des universités américaine et britannique a dirigé à Malabo Atlantic Methanol de 1993 à 2002.
Abeso Ndong accuse Obiang Nguema d’être « l’instigateur d’un faux coup d’État destiné à détruire toute opposition ».
Condamné à mort en 2002
Il est le neveu d’un ex-président de l’Assemblée nationale, Felipe Ondo Obiang (ministre sous le président Francisco Macías Nguema), fondateur de la Force démocratique républicaine (FDR), parti dans lequel Abeso Ndong a été actif.
En 2002, lui et son oncle sont arrêtés et torturés. Abeso Ndong est condamné à mort. Sur intervention américaine, il est libéré après plus de deux ans.
Passé aux États-Unis et en Espagne, il trouve asile en Grande-Bretagne. Il travaille aujourd’hui dans l’immobilier.
En 2013, il lance à Paris la Coalition d’opposition pour la restauration d’un État démocratique (Cored), rejointe un an plus tard par Severo Moto Nsa, auteur d’une tentative de coup d’État en 2004 avec le mercenaire Simon Mann.
La Cored a été partie civile dans le procès des « biens mal acquis », que le fils du président, Teodorín, a perdu.
• Ruben Clemente Nguema Engonga Avomo, le fils du ministre de l’Intérieur
Actuellement à Madrid pour subir des soins, le fils du ministre de l’Intérieur équato-guinéen, Clemente Engonga Nguema Onguene, est accusé par Malabo d’avoir participé à un complot élaboré par des rejetons de hauts dignitaires afin d’empêcher l’arrivée à la tête de l’État équato-guinéen du fils du président, Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé Teodorín.
Ruben Clemente, âgé de 36 ans, dirige la cour provinciale de Bata, et est originaire de Mongomo.
Il est en outre un proche de l’opposant en exil Salomon Abeso Ndong, avec lequel il a grandi.
• Enrique Nsue Anguesomo, l’ambassadeur de Guinée équatoriale au Tchad
Est-il lié à cette affaire ? Les autorités équato-guinéennes ont en tout cas suffisamment de soupçons pour avoir lancé des investigations sur Enrique Nsue Anguesomo, dit Chico Enri, et procédé à son arrestation le 30 décembre à Ebebiyín, sa localité d’origine.
Officiellement, il s’y trouvait alors en visite privée. Mais l’ambassadeur de Guinée équatoriale au Tchad, ancien secrétaire d’État à la Sécurité nationale, n’avait pas prévenu sa hiérarchie qu’il effectuait ce déplacement, et Malabo a donc cherché en vain à le joindre au Tchad au moment où les informations ont commencé à circuler.
Les autorités tentent aujourd’hui d’établir si sa présence relève ou non d’une coïncidence, alors que de nombreux Tchadiens font partie des présumés putschistes, ou s’il était en réalité l’un des complices, voire des commanditaires.
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Selon une source diplomatique équato-guinéenne, Enrique Nsue Anguesomo, actuellement détenu à Bata, serait en outre lié au sergent Laban Obama Abesso, ancien militaire de Guinée équatoriale arrêté le 27 décembre au Cameroun.
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