Éducation : êtes-vous public ou privé ?

Face aux carences de l’enseignement public, le privé fait de plus en plus figure de recours, pour ceux qui en ont les moyens. Est-ce la solution ? Le débat est posé.

Dans un amphithéâtre de l’université Nangui-Abrogoua à Abidjan. © Olivier pour J.A.

Dans un amphithéâtre de l’université Nangui-Abrogoua à Abidjan. © Olivier pour J.A.

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Publié le 1 février 2018 Lecture : 2 minutes.

Des étudiants en filière Éducation à l’université de Porto-Novo, au Bénin, en  mai 2017. © Flickr / Creative Commons / World Peace Intiative
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Éducation : le match privé – public

Dans nombre de pays d’Afrique francophone et du Maghreb, l’éducation nationale est en crise. Les établissements privés sont convaincus de pouvoir prendre la relève. Est-ce le cas ? À vous de juger.

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Le privé doit-il se substituer au public ? Le débat n’est pas tranché, mais la question vaut d’être posée. Un constat s’impose : l’éducation nationale est à la peine et laisse de plus en plus le champ libre à une libéralisation – parfois sauvage, comme le montre notre reportage à Kinshasa – de l’apprentissage. Au Mali, par exemple, les autorités tentent tant bien que mal de supprimer les subventions à l’école privée, qui sont très loin d’avoir abouti aux résultats escomptés… L’école est pourtant, personne n’en disconvient jusque dans les plus hautes sphères des États, la clé de l’avenir.

Les budgets qui lui sont alloués augmentent globalement depuis dix ans et font l’objet d’intenses campagnes de communication, comme pour donner l’impression que les gouvernants s’en préoccupent.

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Hélas ! les réalités du terrain ne sont pas toujours conformes aux discours. Lorsque au Tchad l’immense majorité des élèves dispose seulement d’un livre pour trois et que la moitié d’entre eux dispose d’une place assise pour trois, comment s’étonner que ceux qui ont les moyens d’étudier dans le privé aient deux fois plus de chance d’acquérir le savoir minimum requis ?

Potentiellement complémentaire

L’étude d’où sont tirés ces chiffres a été réalisée en 2014 dans dix pays d’Afrique francophone par la Conférence des ministres de l’Éducation des États et gouvernements de la Francophonie (Confemen). On y découvre que le mal est équitablement répandu et que la situation au Cameroun, par exemple, ne diffère en rien de celle qui prévaut au Tchad.

Le Français Odon Vallet ne blâme cependant pas les gouvernements concernés, parce qu’ils sont, explique-t-il, confrontés à une inflation générale des coûts. Pour lui, le privé peut parfaitement être complémentaire du public. À condition que ce dernier soit de qualité, faute de quoi les inégalités sociales ne manqueront pas de se creuser.

En Tunisie, les familles doivent se saigner à blanc pour offrir à leurs enfants des cours particuliers afin de pallier les carences d’un secteur public exsangue. Les enseignants, qui manifestent de manière récurrente (comme au Burkina Faso et au Sénégal, récemment) pour exiger davantage de moyens, n’ont parfois d’autre choix que de rejoindre le privé pour pouvoir joindre les deux bouts. Pourtant, combien d’étudiants non boursiers ont-ils les moyens d’acquitter plus de 6 000 euros par an pour suivre les cours d’une université aussi prestigieuse que Mundiapolis, à Casablanca  ?

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Un manque de moyen

Notre enquête montre aussi que le problème n’est pas tant le niveau des élèves que les moyens dont ces derniers disposent pour exploiter au mieux leurs capacités. Mais a contrario le niveau des professeurs, qui ont manifestement le plus grand mal à se former de manière satisfaisante, pose question, notamment au Niger. Qualité des infrastructures et des enseignants, importance des moyens mis à la disposition de ces derniers… Le privé s’estime en mesure de relever le défi. Au secteur public de réussir à faire mieux. Et c’est possible, car de nombreux experts s’accordent à considérer que le problème est moins la disponibilité des ressources que leur gestion.

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