Mines : Managem en quête de financements pour devenir un champion régional
Portée par les très bons cours du cobalt, la filiale du holding royal SNI entend diversifier ses projets à l’international. Ce qui lui demande d’accroître ses investissements et de trouver des partenaires.
Mines : quelles ambitions pour 2018 ?
Du premier producteur d’or d’Afrique francophone, Randgold, à Managem, qui se voit déjà en champion régional du cobalt, en passant par les cours mondiaux, tour d’horizon des grands enjeux miniers de 2018.
« Devenir un leader continental ». C’est l’ambition martelée depuis la fin de 2017 par Imad Toumi, président du groupe minier Managem, 4,3 milliards de dirhams (environ 400 millions d’euros) de chiffre d’affaires en 2016, + 1 % sur un an. Fort d’une reprise des cours en 2017, le groupe minier marocain prévoit pour 2018 d’élargir l’enveloppe de ses investissements à 2,2 milliards de dirhams (contre 1,2 milliard l’année dernière) en se renforçant dans deux métaux qu’il juge porteurs : l’or, dont le cours a grimpé de 10 % en 2017 sur les marchés internationaux ; puis le cobalt, qui a, lui, progressé de 130 %.
Cap sur Étéké, au Gabon
Fortement utilisé dans l’industrie chimique, le cobalt sert de plus en plus à la fabrication de batteries de smartphones et de voitures électriques. Et, grâce à ces marchés prometteurs, la hausse de la demande mondiale devrait se poursuivre. Or Managem n’en produit que 2 000 tonnes par an. Trop peu pour apparaître dans les radars des grands industriels. Mais le groupe a découvert des réserves qui viennent prolonger la durée de vie de ses gisements.
À la fin de 2016, entre ses réserves et ses ressources, l’entreprise disposait de presque 18 000 t. La production de cobalt devrait progresser d’au moins 30 % au cours des trois prochains exercices et représenter ainsi une part importante du chiffre d’affaires du groupe.
Dans l’or, où l’entreprise nourrit aussi de grandes ambitions, son objectif est d’en produire 250 000 onces à partir de 2020, soit 7 t par an, contre 1,8 t à la fin de 2016. Des projections qui, selon un autre analyste, semblent « légèrement exagérées, car quelques gisements commencent à s’essouffler ». Il est vrai que la mine de Bakoudou, au Gabon, vit ses dernières heures, mais Managem a d’autres ressources. « Le site d’Étéké, au Gabon, est dans notre portefeuille depuis quelques années », observe Imad Toumi. Ce site, dont la production devrait démarrer au second semestre de cette année, pourra produire jusqu’à 1,5 t par an.
Tri-K, un site guinéen prometteur
L’autre site qui apparaît comme l’un des plus prometteurs est celui de Tri-K, en Guinée, que Managem détient via l’une de ses filiales, à 40 %, aux côtés de l’État guinéen et de la société britannique Avocet Mining. Problème : « La valorisation d’un site demande un énorme investissement, parfois équivalent au chiffre d’affaires du groupe. C’est pour cela que Managem essaie de trouver des partenaires solides pour exploiter les permis qu’elle a dans son portefeuille », explique un consultant. La construction de la mine commencera cette année.
Selon les prévisions de l’entreprise marocaine, il sera possible d’y produire annuellement un peu plus de 3 t à partir de 2020. En plus de ce grand projet, une nouvelle mine verra le jour au Soudan en 2019. « C’est une politique assez ambitieuse, mais réalisable à condition de trouver les bons partenaires et d’en assurer le financement. La conjoncture leur est en tout cas favorable », lâche cet analyste financier. Les équipes d’Imad Toumi, diplômé de Polytechnique et passé par Areva et la société aurifère canadienne La Mancha, ont jusqu’ici su convaincre les investisseurs et inspirer confiance aux actionnaires.
Opération désendettement
Pour assurer ses investissements, Managem s’était endetté jusqu’à 2,7 milliards de dirhams (244 millions d’euros) à la fin de juin 2017 et avait même frôlé les 4 milliards à la fin de 2016. En parallèle, le groupe a réalisé une augmentation de capital de 973 millions de dirhams en 2017, en plus de la signature de l’accord avec Wanbao Mining, qui a renfloué les caisses de 56 millions de dollars (52 millions d’euros). C’est ainsi que le ratio d’endettement s’est établi à 61 % à la fin de juin 2017, en baisse de 37 points. Pour optimiser son coût de financement à court terme, le groupe a opté pour une émission de billets de trésorerie qui peut atteindre 1 milliard de dirhams.
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