Mode : Mariah Bocoum sublime le tissu malien
Sœur aînée de la chanteuse Inna Modja, Mariah Bocoum se démarque avec sa griffe Péchés mignons, consacrée aux textiles et aux cultures de son pays.
Mariah Bocoum est un peu la styliste qui pioche dans ce que le terreau culturel de son pays natal a de sacré. Ainsi, elle confectionne ses modèles à partir de tissus en cotonnade teintée, exclusivement malienne, produit d’un travail artisanal des plus fins. « Je ne suis pas forcément contre l’usage du wax, que j’utilisais beaucoup à une époque, mais je tiens désormais à participer au développement économique de mon pays. L’artisanat malien est négligé et méprisé. Il faut changer la donne. »
La jeune femme est connue pour habiller sa sœur, Inna Modja, à l’occasion de ses concerts, ses tournages et ses séances photo (ce qui lui a valu d’être mentionnée dans des magazines comme Elle ou Cosmopolitan).
Née à Bamako, d’une mère guinéenne sage-femme et d’un père malien diplomate, cette artisane a passé son adolescence à voyager en Afrique de l’Ouest et à défiler pour le styliste Chris Seydou, son mentor et son idole, décédé en 1994. « À 17 ans, j’étais l’une de ses égéries au Mali. Il m’a fait découvrir et aimer le textile malien. Je pense au bogolan, qu’il a été le premier à promouvoir à l’international. »
Péchés mignons, sa propre marque
— Mariah Bocoum Couture (@MariahBocoum) May 10, 2017
Peu disposée à faire du mannequinat son métier, Mariah Bocoum s’est envolée pour la France, où elle a obtenu un diplôme en communication à la faculté de lettres de Nancy, puis a fait son retour au pays en 2000. Elle a alors opté pour sa passion : le stylisme.
En 2010, elle lance sa propre marque, Péchés mignons, et présente ses premières collections. Parmi celles-ci, « Mali Donko », dont les pièces mêlent bogolan, satin duchesse et mousseline. Aujourd’hui, elle s’attache surtout à rendre hommage aux différentes régions du Mali. En 2015, « Tombouctou » mettait à l’honneur des tenues modernes, toujours en satin duchesse, agrémentées de cuir touareg.
Deux ans plus tard, « Toguna » explorait la culture dogon. « “Toguna” est l’une de mes plus grandes réussites. Pour les robes en cotonnade, j’ai travaillé avec l’artiste plasticien Alassane Kanté », se félicite celle qui est membre de l’Alliance des couturiers et créateurs de mode du Mali (ACCM).
Un petit aperçu de la collection Togouna ,la découverte de la culture Dogon à travers la Mode #fashionmadeinmali#cotonmalien#dogonpeople# pic.twitter.com/ML6OAIgG23
— Mariah Bocoum Couture (@MariahBocoum) July 3, 2017
Sur tous les podiums
À 44 ans, cette mère de famille affiche un sourire et un regard espiègles qui viennent conforter son humilité – et une certaine candeur qu’elle affirme ne pas vouloir perdre. Depuis 2011, ses collections ont été présentées lors de nombreux événements, de la Dakar Fashion Week à l’Angola International Fashion Show en passant par le Fima, au Niger, ou la Black Fashion Week, à Paris.
Le prix de ses pièces oscille généralement entre 75 000 et 300 000 F CFA (entre 114 et 460 euros). Quant à sa clientèle, elle la juge plutôt multigénérationnelle, avec des femmes âgées de 25 à 40 ans. Dernièrement, la grande sœur d’Inna Modja a joué les directrices artistiques pour un clip vidéo du chanteur et musicien Salif Keita.
Une expérience qu’elle voudrait réitérer. Mais, pour l’heure, la styliste s’attelle à l’élaboration de sa prochaine collection : une immersion dans le nord du Mali en hommage aux femmes touarègues.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles