Après l’arrêt de Necotrans, l’État camerounais reprend la main sur le port de Kribi

En décidant de la gestion en régie du terminal polyvalent, le port met provisoirement fin à la bataille pour le contrôle des droits auparavant détenus par le groupe français.

Vue des travaux sur le Port de Kribi, au Cameroun. © Réussite

Vue des travaux sur le Port de Kribi, au Cameroun. © Réussite

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Publié le 8 février 2018 Lecture : 3 minutes.

L’annonce était attendue. Le 17 janvier, le Premier ministre camerounais a constaté la défaillance de Necotrans, qui s’était associé à neuf opérateurs locaux réunis au sein du groupement Kribi Port Multi Operators (KPMO) pour l’exploitation du terminal polyvalent du nouveau port en eau profonde construit dans le sud du pays. En août 2017, un jugement prononcé à Paris avait placé le logisticien français en liquidation judiciaire.

Reste maintenant aux autorités à trouver un nouvel opérateur pour exploiter cette plateforme. Les candidats ne vont pas manquer, à commencer par la société d’investissement sud-africaine AIIM Capital et le groupe Monaco Resources, qui tous deux revendiquaient les droits hérités de Necotrans sur le partenariat qui vient d’être annulé.

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Mais en décembre 2017, le Port autonome de Kribi (PAK) avait réfréné leurs ardeurs en décidant de gérer le terminal polyvalent en régie. « Nous réunissons les éléments pour que ce terminal puisse être exploité dans les plus brefs délais, même sans opérateur. Car il faut éviter une obsolescence du matériel de manutention qui s’y trouve déjà et a coûté cher au contribuable », estime Modeste Ako’o, le directeur des opérations du PAK.

Si le Port autonome de Kribi compte gérer en propre, KPMO espère toujours que cette régie lui échoira. Au départ société en participation créée dans le cadre de leur partenariat avec le logisticien français pour exploiter cette plateforme, le consortium camerounais est en train de faire évoluer juridiquement son statut, pour y inclure la manutention.

Calendrier politique

Ce nouvel épisode obéit aux impératifs du calendrier politique. « Dans la perspective de l’élection présidentielle d’octobre 2018, les autorités poussent pour que le démarrage des activités sur les terminaux polyvalent et à conteneurs (ce dernier, attribué au consortium Bolloré/CMA-CGM/CHEC, entrera officiellement en service le 1er mars) se fasse le plus tôt possible, avant l’inauguration officielle du port, qui devrait intervenir durant la campagne du président Paul Biya », suggère une source proche du dossier.

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En décembre de l’année écoulée, Monaco Resources avait tenté de faire pencher la balance en sa faveur en dépêchant au Cameroun Fabrice Viguier, PDG de R-Logitech, une filiale du logisticien et minier monégasque. Cornaqué par le négociant Mouctar Hamadama, PCA de Necotrans Cameroun, du Terminal polyvalent de Kribi (TPK) et proche de Grégory Quérel, ex-patron du logisticien français, Fabrice Viguier a fait le forcing pour obtenir le soutien des administrateurs de TPK. Une démarche restée infructueuse.

Car le groupement local avait entre-temps fait du chemin avec Africa Ports & Corridors Holdings, filiale d’AIIM, qui a acheté pour 7,68 millions d’euros les actifs de Necotrans sur le port vraquier de Dakar et à Kribi. Le duo fut reçu en juillet 2017 à la présidence, et un pacte d’actionnaires entre les deux parties fut paraphé en août. Les acteurs de cet imbroglio juridique s’en remettent donc à Yaoundé, qui a décidé de parer au plus pressé, sans laisser entrevoir l’issue devant prévaloir au terme de la régie. Mais deux possibilités s’offrent à elle.

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Soit le Premier ministre lance une nouvelle procédure pour le recrutement d’un opérateur, soit des négociations s’engagent avec le philippin International Container Terminal Services Inc (ICTSI), arrivé deuxième lors de l’arbitrage de 2015. Son vice-président s’est d’ailleurs manifesté le 28 juillet, en se disant disposé à débourser 20 millions d’euros pour rafler la mise.

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