Suisse-Afrique – Pascal Couchepin : « Notre pays a un intérêt économique évident en Afrique »

Président de la Confédération helvétique en 2003 et en 2008, envoyé spécial de l’Organisation internationale de la francophonie pour la région des Grands Lacs depuis, Pascal Couchepin évoque pour de Jeune Afrique les relations qu’entretiennent la Suisse et le continent africain.

L’ex-président de la Confédération suisse, Pascal Couchepin, s’adresse aux médias au siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 15 décembre 2008 © Yves Logghe/AP/SIPA

L’ex-président de la Confédération suisse, Pascal Couchepin, s’adresse aux médias au siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 15 décembre 2008 © Yves Logghe/AP/SIPA

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Publié le 7 février 2018 Lecture : 3 minutes.

Le siège de Glencore à Baar, en Suisse. le 18 avril 2011. Glencore International PLC est l’un des plus grands négociants en matières premières © Martin Ruetschi/AP/SIPA
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La confédération entretient un lien particulier avec le précieux métal. Mais pas que. Ses entreprises jouent aussi un rôle non négligeable dans le secteur du cacao ou encore dans celui du pétrole.

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Plusieurs fois ministre fédéral, et même président de la confédération à deux reprises, Pascal Couchepin n’a pas toujours été très diplomate durant sa carrière. Mais s’il garde son franc-parler, cet avocat de formation âgé de 75 ans soigne désormais son langage.

Depuis 2015, il est en effet l’envoyé spécial de la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), Michaëlle Jean, pour la région des Grands Lacs. Du Léman au Tanganyika, cet ami du Sénégalais Abdou Diouf doit contribuer à renouer les fils du dialogue inter-burundais, rompus depuis bientôt un an. De retour de Bujumbura, il revient sur les difficultés de sa mission et sur sa confiance en un continent qu’il connaît bien.

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Jeune Afrique : Quelle est la situation au Burundi et quel est votre rôle ?

Pascal Couchepin : Le pays est de plus en plus isolé sur la scène diplomatique, son économie s’est fortement dégradée, et le processus de sortie de crise est à l’arrêt puisque les deux camps refusent de se réunir autour d’une table. Le président Nkurunziza vit au milieu de ses partisans et fait ce qu’il veut, face à une opposition désespérée qui ne joue pas d’autre carte que celle du droit juridique, se focalisant sur « le troisième mandat » alors que le camp présidentiel prépare déjà le prochain.

>>> À LIRE – Crise politique au Burundi : dialogue de sourds entre pouvoir et opposition à Arusha

Seuls les chefs d’État de la sous-région peuvent avoir un réel impact sur la situation. Si l’OIF, comme l’UE ou l’ONU, est respectée sur le terrain, elle n’est pas crainte. Nous contribuons tout de même à maintenir une certaine pression et, lorsque les choses s’amélioreront, il sera important d’accompagner le changement dans la région.

Seuls les chefs d’État de la sous-région peuvent avoir un réel impact sur la situation

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Les relations que vous avez tissées avec le continent durant votre carrière vous aident-elles dans votre mission ?

En tant qu’ancien ministre confédéral de l’Économie, j’ai travaillé sur de nombreux dossiers de négociations et de coopérations, bilatérales ou multilatérales, avec beaucoup de pays africains. Et j’ai vite compris l’importance d’avoir, aux portes de l’Europe, une Afrique qui se porte bien. Il est de notre responsabilité de l’aider à se stabiliser.

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Est-ce que l’intérêt de la Suisse pour l’Afrique s’est accru ?

En dehors des questions sécuritaires et migratoires, la Suisse lui porte un intérêt économique évident. Nos relations sont par ailleurs bien meilleures depuis la restitution des fonds Abacha [du nom du président du Nigeria entre 1993 et 1998]. Nos entreprises sont pragmatiques, elles savent rester discrètes et jouissent d’une très bonne réputation sur le continent, où certaines sont présentes depuis longtemps.

Nos entreprises sont pragmatiques : elles savent rester discrètes et jouissent d’une très bonne réputation sur le continent

Quelques-unes suscitent la polémique, notamment dans le négoce des matières premières. Le gouvernement confédéral peut-il intervenir ?

Jamais quand c’est d’ordre privé. Cela ne l’empêche pas d’être actif en matière de régulation. Il est intervenu dans l’affaire des diamants du sang en Sierra Leone. Il vient d’obliger le secteur international du négoce à une meilleure gouvernance. C’est en réglementant que l’on clarifie les choses.

Quels sont les liens entre la confédération et la francophonie ?

La Suisse se découvre toujours plus francophone, même si les alémaniques ne comprennent pas toujours cette proximité. C’est un atout pour la confédération, l’occasion de toucher plus de monde, et le gouvernement en est très conscient, ce qui le pousse à garder un œil attentif sur l’Afrique.

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