Gabon : Castel muscle son offre d’eau en bouteille face à la concurrence chinoise
Soboleco, la filiale locale du groupe français, a doublé sa capacité de production d’eau en bouteille. Un dynamisme de rigueur pour pouvoir résister à la concurrence d’un nouvel acteur très ambitieux.
Quels investissements pour l’accès à l’eau ?
L’accès à l’eau potable est l’un des enjeux majeurs de l’Afrique du 21e siècle. Alors que l’urbanisation appelle à davantage de capacités de production et de distribution, une des priorités pour les grandes entreprises est souvent la réparation des installations.
À l’origine, la Société des boissons de Léconi (Soboleco) prévoyait de doubler ses capacités à l’horizon 2018. Mais l’appétence des Gabonais pour les eaux en bouteille, alors que la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG-Veolia) peine à répondre à la demande en eau courante, l’a forcée à anticiper.
En avril 2017, sa marque phare, l’eau minérale Andza, a même été momentanément en situation de pénurie. Le 4 mai, la division de la Société des brasseries du Gabon (Sobraga) a donc inauguré sa troisième ligne d’embouteillage à Léconi, dans le sud-est du pays. Grâce à cet investissement de près de 3 milliards de F CFA (4,6 millions d’euros), l’entreprise reprise en 2001 par le groupe Castel produit désormais 28 000 bouteilles par heure.
Croissance exponentielle depuis 2013
La bonne santé de l’entreprise s’est traduite par une augmentation de sa production de 448 530 hectolitres (+ 201,7 %) entre 2009 et 2016. Son chiffre d’affaires a suivi une évolution similaire (+ 181,4 %) sur la même période, pour atteindre 14,83 milliards de F CFA à la fin de 2016.
Ce dynamisme avait du reste obligé Soboleco à investir 2,6 milliards de F CFA en 2013 pour installer une deuxième ligne d’embouteillage et doubler – déjà – sa capacité de production en la portant à 12 800 bouteilles par heure.
Faire face à la concurrence chinoise
Même si le management – qui n’a pas répondu aux sollicitations de JA – ne l’avoue pas, c’est également la fin de son monopole sur le marché local qui a poussé Soboleco à réaliser ces investissements. Profitant des avantages fiscaux et douaniers qu’offre la zone économique spéciale de Nkok, le chinois Chen Shi Origen Pure (CSOEP) a en effet lancé la marque Origen Pure en 2016.
Une arrivée qui a poussé la filiale du groupe français à s’engager dans une diversification tous azimuts. Celle-ci porte notamment sur l’offre de produits. En juillet 2017, l’entreprise a mis sur le marché une variété d’Andza au citron et entend continuer à proposer d’autres arômes.
Diversifier les produits
La société a également multiplié ses marques : en 2014, elle a lancé l’eau de table Aning’eau, produite à Port-Gentil afin d’en assurer la distribution sur tout le territoire gabonais et de pallier les difficultés causées par l’état des routes.
Puis elle a fait entrer les eaux de source Vitale et Akewa sur le marché. Cette diversification touche aussi les formats. Pour répondre aux besoins de toutes les cibles, son éventail de produits s’étend désormais de 50 centilitres à 5 litres.
Si son concurrent chinois a des ambitions sous-régionales affirmées, Soboleco entend pour le moment conforter son leadership sur le marché gabonais. Ses exportations se limitent pour l’instant à l’Afrique du Sud. Hors de question pour l’entreprise d’investir d’autres marchés, comme le Cameroun, où Castel est déjà soumis à une rude concurrence.
La SEMC en perte de leadership au Cameroun
En zone Cemac, le groupe Castel a établi une répartition des marchés pour ses sociétés d’eaux en bouteille. Soboleco reste sur le marché gabonais, en dépit de sa capacité à exporter.
Plus solide et plus ancienne au sein du groupe, sa filiale Société des eaux minérales du Cameroun (SEMC, groupe Brasseries du Cameroun) approvisionne les marchés camerounais, tchadien, centrafricain et même équato- guinéen.
Menacée par l’essor de Source du pays
Soumise à une rude concurrence depuis 2010, avec l’arrivée de trois nouveaux acteurs sur le marché, SEMC, qui produit l’eau minérale Source Tangui (32 % de parts de marché), a perdu son leadership en 2016 au Cameroun, au profit des eaux Supermont (56 % de parts de marché), appartenant à Source du Pays, contrôlé par le Libanais Nessrallah el-Sahely. SEMC serait davantage fragilisée si Soboleco venait à attaquer aussi ses marchés traditionnels.
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