Le Maroc, « partenaire incontournable » pour la France

Comme Nicolas Sarkozy et François Hollande avant lui, Emmanuel Macron apprécie le Maroc et a noué des liens avec Mohammed VI et la famille royale. De quoi favoriser de bonnes relations avec le royaume, précieux allié pour les projets de Macron au niveau africain.

Emmanuel Macron avec Mohammed VI et le prince Moulay Hassan, le 12 décembre 2017, à l’Élysée. © Alain Jotard/AFP

Emmanuel Macron avec Mohammed VI et le prince Moulay Hassan, le 12 décembre 2017, à l’Élysée. © Alain Jotard/AFP

fahhd iraqi

Publié le 19 février 2018 Lecture : 3 minutes.

Le président français Emmanuel Macron au palais de l’Elysée, le 21 décembre 2017 © Christophe Archambault/AP/SIPA
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L’anecdote est assez révélatrice. À l’ouverture de la campagne hivernale des Restos du cœur, fin novembre 2017, à Paris, le président de la République française est apostrophé par une Marocaine qui lui demande l’asile politique. Emmanuel Macron lui rétorque : « Au Maroc, vous n’êtes pas en danger. » Comme ses prédécesseurs, le locataire actuel de l’Élysée connaît trop bien le royaume pour le mettre dans le même sac que des pays en proie à l’instabilité. Et comme Nicolas Sarkozy et François Hollande avant lui, Macron apprécie de plus en plus le Maroc depuis qu’il a fait la connaissance de Mohammed VI et de la famille royale.

Le 14 juin, un mois seulement après avoir pris ses quartiers à l’Élysée, Macron effectue « une visite personnelle » au Maroc. Et a droit à tout le faste d’un royaume réputé pour son art de recevoir, bien loin de ce qu’il a pu entrevoir lors des missions d’affaires express qu’il a eu à effectuer à Casablanca du temps où il était banquier chez Rothschild.

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En moins de vingt-quatre heures, le président a pu s’entretenir avec les principaux responsables politiques : le chef du gouvernement, les présidents des deux Chambres et, bien sûr, le roi, qui l’a reçu en tête à tête avant de le convier à un dîner officiel avec toute la famille. À l’issue de sa visite, c’est un président conquis qui se présente devant la presse. « J’ai entendu un roi du Maroc préoccupé par le sort de cette région [le Rif] qui lui est chère et où il a pour habitude de passer du temps », lance Macron au sujet des événements qui secouent alors Al Hoceima.

Avec tous les présidents français, Mohammed VI arrive à nouer une relation très particulière, voire personnelle

L’entente entre les deux chefs d’État semble se renforcer au fil des rencontres. Ils se revoient lors de l’inauguration du Louvre Abou Dhabi, en novembre. Quelques semaines plus tard, à Abidjan, les deux hommes sont les têtes d’affiche du sommet UA-UE. Sur la photo de famille officielle, ils posent côte à côte avec une complicité manifeste. Mohammed VI est d’ailleurs reçu à l’Élysée en décembre, à la veille du sommet One Planet : un privilège auquel n’a eu droit aucun de la quinzaine de chefs d’État qui ont fait le déplacement.

« Avec tous les présidents français, Mohammed VI arrive à nouer une relation très particulière, voire personnelle, qui se renforce au fil du temps et qui dure généralement bien au-delà du mandat présidentiel », explique un diplomate marocain. Jacques Chirac a régulièrement séjourné dans la région d’Agadir. Nicolas Sarkozy ne manque pas la moindre occasion d’exprimer son « estime pour le roi du Maroc ».

Même François Hollande, dont le mandat avait été marqué par un coup de froid diplomatique entre Paris et Rabat (suspension de la collaboration judiciaire durant presque un an), a dû revoir ses positions, convaincu du rôle précieux du Maroc dans la lutte antiterroriste.

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Un partenaire incontournable

Avec Macron, les relations entre la République et le royaume se sont réchauffées de plus belle. D’autant que les affaires judiciaires (le dossier Ben Barka en tête), qui mettent généralement à rude épreuve les rapports entre les deux pays, n’ont jusque-là pas connu de rebondissement notoire.

Et le nouveau président de la République n’est pas homme à mettre sur la table, du moins publiquement, les sujets qui fâchent. Bien au contraire, Paris manifeste de plus en plus son soutien au royaume dans l’affaire du Sahara, à l’image de la dernière déclaration de Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, qui continue de considérer « le plan d’autonomie présenté par le Maroc comme une base sérieuse et crédible pour une solution négociée » de ce conflit.

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Le pragmatisme politique de Macron l’incite à travailler main dans la main avec le royaume. « Le Maroc est un partenaire incontournable, que ce soit sur le plan sécuritaire ou économique, nous explique notre source. Et le rayonnement continental du royaume renforce de plus en plus son positionnement en tant que force régionale. »

Le Maroc est donc un précieux allié pour les projets de Macron au niveau africain. Et la France reste le premier investisseur étranger dans le royaume et son deuxième partenaire commercial. Les intérêts bien compris font les bons alliés.

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