Tendance : « Something we Africans got », le magazine sur les créations africaines
Après les dix numéros d’« Off the Wall », la Franco-Ivoirienne Anna-Alix Koffi s’est lancée dans la publication d’un magazine consacré à la création africaine. Chic et percutant.
Silhouette élancée, cheveux courts, rire clair et verbe haut : Anna-Alix Koffi est de toutes les grands-messes de l’art contemporain dit africain, à Dakar, Paris, Bamako, Arles. Et dans son énorme valise, il y a toujours une cinquantaine d’exemplaires d’un classieux magazine qu’elle distribue au compte-gouttes à tous ceux qu’il pourrait intéresser, qu’ils soient artistes, photographes, journalistes, universitaires ou potentiels annonceurs.
Ce magazine a un nom de combat à rallonge, Something we Africans got, et un acronyme que l’on ne doit pas prononcer. Épais papier mat, textes denses en français et en anglais, et pléthore d’images pour trois parties distinctes : la première sur l’actualité artistique, la deuxième sur l’un des 54 pays du continent, la troisième sur les rapports d’un pays du monde avec l’Afrique.
Je veux ouvrir une porte sur le continent […], c’est un territoire hyper riche
« Je me sens un peu investie d’une mission, confie Anna-Alix Koffi. Je veux ouvrir une porte sur le continent à des gens qui n’en ont cure, ou qui ont des a-priori sur la question, alors que c’est un territoire hyper riche. »
Dynamique et rentre-dedans, droguée à l’imprimé, la jeune femme d’origine ivoirienne n’en est pas à son coup d’essai puisqu’elle s’est déjà fait remarquer avec les dix numéros d’Off the Wall, plus spécifiquement consacrés à la photographie, et avec des journaux éphémères soigneusement réalisés pour les Rencontres d’Arles, Visa pour l’image, la Fiac ou Paris Photo.
« Je travaille 48 heures sur 24. Il faut d’autant plus de hargne que je suis perfectionniste… La partie la plus acrobatique demeure la dimension financière, il faut y aller à la volonté, au mental pour convaincre les gens. »
Des entreprises comme Chanel ou Total déjà séduites
Pour Off the Wall, elle s’était limitée à dix numéros. Pour Something we Africans got, elle ne se fixe aucune échéance et aurait besoin de 150 000 euros par an afin de pouvoir sortir les trois ou quatre numéros annuels qu’elle envisage. La pub, elle s’y est ouverte, réussissant à séduire Chanel, mais aussi Total.
« C’est une opportunité pour eux de redorer leur blason en soutenant des entreprises culturelles de qualité », souligne, mutine, la rédactrice en chef, directrice artistique et promotrice du magazine. Qui aimerait bien, aussi, s’attirer les bonnes grâces d’artistes de la diaspora comme Omar Sy, Jamel Debbouze… ou Oprah Winfrey.
Cela ne me dérange pas d’être la porte d’entrée, je laisse les trois étoiles aux autres
Travaillant en partenariat avec Africultures, Anna-Alix Koffi republie certains de ses articles. « L’idée est d’encourager à aller lire les autres, de partager au maximum. Cela ne me dérange pas d’être la porte d’entrée, je laisse les trois étoiles aux autres, je suis un petit peu bistrot gastro. » Mais dans ce boui-boui accueillant où les murs sont tapissés d’œuvres surprenantes, les rencontres de bon aloi sont nombreuses et les recettes ne se répètent pas. Le cocktail est parfois fourre-tout, mais c’est ce qui fait son charme et sa saveur à nulle autre pareille.
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