Affaire Karim Wade : le rapport qui sème le doute

Un rapport rédigé en 2013 par un consultant de la Banque mondiale fait polémique à Dakar. En excluant tout lien d’affaires entre Karim Wade et les frères Aboukhalil, cette étude semble en effet invalider la théorie de la Commission de répression de l’enrichissement illicite (CREI), qui a condamné en 2015 le fils de l’ancien président et ses complices.

Partisans du fils de l’ancien chef de l’État, à Dakar, en février 2015 © Seyllou/AFP

Partisans du fils de l’ancien chef de l’État, à Dakar, en février 2015 © Seyllou/AFP

Publié le 12 février 2018 Lecture : 2 minutes.

Karim Wade a-t-il été condamné à tort pour enrichissement illicite ? C’est en tout cas ce que laisse entendre un rapport confidentiel de la Banque mondiale (BM), dont le journal sénégalais Walf Quotidien a révélé la teneur.

Au cœur de ce rebondissement, un ancien magistrat français, Jean-Louis Hérail, fondateur du cabinet Hersen Partners et conseiller technique à la BM dans le cadre du programme Star (Stolen Asset Recovery Initiative).

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Investigation parallèle

En 2012, après que le Sénégal a sollicité l’appui de Star, ce consultant est chargé de mener une enquête parallèle sur l’affaire Wade. Il dispose alors d’un bureau dans l’enceinte de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), à Dakar. Et, au fil des mois, la justice sénégalaise lui transmet l’intégralité du dossier d’instruction – en théorie confidentiel.

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Fin 2013, après avoir épluché les documents et relevés bancaires relatifs aux sociétés d’Ibrahim Aboukhalil (alias Bibo Bourgi) et de son frère Karim Aboukhalil, tous deux soupçonnés d’avoir été les prête-noms de Karim Wade, Hérail rend à la CREI un rapport de plus de 300 pages. Ses conclusions vont à rebours de la thèse des magistrats sénégalais.

Des déductions opposées

Selon lui, les sociétés de la galaxie Bourgi – dont il épingle au passage les montages offshore aux allures de poupées russes –  n’ont aucun lien financier visible avec Karim Wade. L’ex-magistrat français plaide alors en faveur d’un non-lieu ou d’une liberté provisoire au bénéfice des inculpés, dans l’attente du procès. Les autorités sénégalaises s’abstiennent de verser son rapport à la procédure. En mars 2015, Karim Wade sera condamné à six ans de prison.

Je doute que le Sénégal ait commandité ce rapport

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Alors que ce document resurgit, la prudence est de mise dans le camp présidentiel. « Je doute que le Sénégal ait commandité ce rapport », confie Aminata Touré, l’ex-ministre de la Justice. La défense de Karim Wade relève toutefois qu’aucun démenti officiel n’a été formulé.

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Les avocats du candidat déclaré du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition) à la présidentielle de 2019 entendent verser prochainement le rapport Hérail à la procédure ouverte à Paris pour détention arbitraire contre leur client. Contacté par JA, Jean-Louis Hérail n’a, lui, pas souhaité s’exprimer.

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