Mondial 2026 au Maroc : « Aucun dirham ne sera dépensé s’il ne peut servir in fine à la population »

Fraîchement désigné, Moulay Hafid Elalamy, le président du comité de candidature déroule les grands axes de son plan de jeu. Objectif : faire la différence sans déperdition dans les investissements.

Moulay Hafid Elalamy, ministre marocain de l’Industrie. © Jean-Michel Ruiz/CAIF pour JA

Moulay Hafid Elalamy, ministre marocain de l’Industrie. © Jean-Michel Ruiz/CAIF pour JA

fahhd iraqi

Publié le 14 février 2018 Lecture : 4 minutes.

Stade d’Annaba au Maroc. © AFP
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Le Maroc a-t-il les épaules pour le Mondial 2026 ?

La candidature du royaume chérifien pour accueillir la Coupe du monde de football en 2026 semble pour certains inespérée. Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie nommé à la tête du comité de candidature par Mohammed VI, semble pourtant sûr de lui et entend mettre tout en œuvre pour parvenir à ses fins. Le point sur les chances du Maroc.

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Dès la nomination par Mohammed VI de Moulay Hafid Elalamy à la tête du comité de candidature pour l’organisation du Mondial 2026, le dossier du Maroc a été relancé, et le but semble devenir accessible. Propriétaire d’un des plus grands conglomérats du royaume (Saham) et ministre de l’Industrie et du Commerce depuis près de cinq ans, l’homme, qui sait jongler entre affaires privées et domaine public, est bien placé pour mobiliser toutes les énergies autour de la candidature du royaume.

Avec un effectif en cours de constitution, ce meneur de jeu, reconnu pour son efficacité et ses talents de négociateur, devra déjouer les pronostics et supplanter la candidature conjointe de trois pays nord-américains : les États-Unis, le Canada et le Mexique. « Un but à notre portée », affirme Moulay Hafid Elalamy. Entretien.

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Jeune Afrique : Vous avez encensé l’équipe constituée par le président de la Fédération, chargée jusque-là de piloter le dossier de candidature. Qui seront les autres membres qui vous épauleront dans votre tâche ?

Moulay Hafid Elalamy : Le travail accompli jusque-là par le président de la FRMF [Fédération royale marocaine de football] et son équipe est d’une qualité remarquable. Il aurait été difficile de faire mieux. Maintenant, en capitalisant sur ce travail, nous allons passer progressivement à la vitesse supérieure. Cette étape se fera à travers une stratégie minutieuse et bien étudiée où toutes les potentialités du pays seront mobilisées et exploitées pour décrocher le graal.

Nous allons annoncer dans quelques jours le dispositif qui sera mis en place pour promouvoir notre candidature. Je ne vais pas dévoiler un secret en vous affirmant que le gouvernement, le secteur privé ainsi que les spécialistes et les professionnels du sport vont serrer les rangs pour atteindre l’objectif. Il y aura également quelques agréables surprises que nous dévoilerons en temps opportun.

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Vous avez estimé que cette candidature coûtera autant que les précédentes, à savoir autour de 120 millions de dirhams [10,5 millions d’euros]. Ce budget est-il suffisant ?

La qualité d’une candidature ne se mesure pas forcément aux sommes d’argent que l’on met à sa disposition. Sinon cela aurait été très facile. La candidature à un Mondial est une horlogerie très complexe où se mêlent le rêve d’une nation, la ferveur d’un peuple, la détermination d’un pays, la rigueur d’un dossier et les garanties de succès que l’on donne au monde exigeant du football. C’est de la qualité de notre dossier et des hommes qui le portent que dépend notre candidature, et non uniquement des moyens financiers.

 © Infographie : Jeune Afrique

© Infographie : Jeune Afrique

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Quelle est la démarche entreprise pour établir le programme d’investissement nécessaire à l’organisation d’un tel événement ? Cela ne risque-t-il pas de chambouler les projets de ministères tels que ceux de la Santé ou de l’Équipement ?

Comme dans toute entreprise économique qui se respecte et qui veut tenir la route, nous mettons en avant nos atouts et notre spécificité, tout en chassant le superflu et la dépense inutile. Nous sommes un pays déjà engagé dans un vaste et ambitieux programme d’investissement dans les infrastructures et dans l’hôtellerie qui répond en premier lieu aux besoins de la population marocaine et à ses aspirations.

Le Maroc dispose d’une dizaine d’aéroports internationaux modernes, répondant aux normes en vigueur dans les pays développés. Notre infrastructure routière est comparable à celle que l’on trouve en Europe. Que ce soit au niveau des autoroutes ou des doubles voies, je vous assure que nous sommes déjà au point. Pour ce qui est des chemins de fer, la première ligne rapide (LGV) sera opérationnelle dans deux à trois mois. D’autres lignes reliant Casablanca à Marrakech, Fès à Oujda sont budgétisées et seront prêtes pour 2026.

S’agissant de la santé, le Maroc dispose déjà d’un maillage en CHU qui quadrille le pays. Chaque ville qui accueillera le Mondial 2026 sera dotée d’un CHU couvrant les besoins de sa population et celle de sa région. Nous proposons également des stades modulaires qui vont continuer à fonctionner après le Mondial. Il n’y a pas de risque que le Maroc succombe au syndrome des « cathédrales dans le désert », dont ont été victimes des pays qui ont accueilli la Coupe du monde ou les Jeux olympiques.

Où en êtes-vous dans la coordination avec les autres départements ministériels ?

La candidature du Maroc se fait sous la supervision et suivant les hautes instructions de Sa Majesté le roi. Tous les départements ministériels et tous les services de l’État sont déjà mobilisés pour que cette candidature connaisse le succès qu’elle mérite. Nous avons l’habitude de mener des projets transversaux auxquels participent plusieurs départements ministériels. Nous sommes une équipe qui sait bien jouer et où chacun connaît son poste, son emplacement sur le terrain et la tactique adoptée. Nous allons vous surprendre.

Vous avez parlé d’investissements sans déperdition. Comment comptez-vous vous y prendre concrètement ?

Aucun dirham ne sera dépensé s’il ne peut servir in fine à la population. Tous les départements ministériels ont fait part de leurs besoins, et nous les prenons en compte dans notre dossier. Le Maroc est un pays émergent qui a des besoins en infrastructures dans les secteurs de la santé, de l’éducation et du sport. Nous avons accéléré la cadence des investissements publics depuis des années pour mettre à niveau les différentes régions marocaines et répondre aux besoins des populations, mais aussi pour satisfaire les sollicitations des investisseurs étrangers de plus en plus nombreux.

Comment convaincre 104 nations d’accorder leur vote au Maroc ? Est-on sûr que les voix de tous les pays africains lui sont acquises ?

Je ne cesse de répéter que la candidature du Maroc est celle de tous les pays africains, de tout le continent. Nous avons confiance en nos frères africains et ils nous le rendent bien. Pour le reste, notre dossier parlera pour nous !

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