Niger : comment l’opposition fait face à l’absence de son chef, Hama Amadou

Seini Oumarou, l’un de ses ténors, a rallié la majorité. Son leader, Hama Amadou, est en exil. L’opposition change-t-elle pour autant de visage ?

Soumana Sanda, chef du Lumana pour Niamey, lors de la marche du 28 janvier 2018 contre la loi de finances © Tagaza Djibo

Soumana Sanda, chef du Lumana pour Niamey, lors de la marche du 28 janvier 2018 contre la loi de finances © Tagaza Djibo

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Publié le 28 février 2018 Lecture : 3 minutes.

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Niger : et pourtant, il tient bon

En première ligne contre le terrorisme, le pays parvient à maintenir son économie à flot. Difficile, en revanche, de progresser sur le front du développement social. De Niamey à Agadez, il avance, mais à petits pas.

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Il y a tout juste deux ans, la Coalition pour l’alternance (Copa) espérait empêcher Mahamadou Issoufou d’accéder à un second mandat. Hama Amadou, chef du Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (Moden Fa Lumana Africa), bien qu’alors emprisonné, avait réuni derrière sa candidature l’ancien président Mahamane Ousmane, Seini Oumarou, le leader du Mouvement national pour la société du développement (MNSD-Nassara), ainsi qu’Amadou Boubacar Cissé, ex-ministre du Plan passé à l’opposition.

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Depuis, Oumarou a rejoint la majorité en août 2016, divisant les militants du MNSD. Cissé a passé la majeure partie de ses deux dernières années loin de la politique, reprenant ses activités de conseil, notamment auprès du président centrafricain. Ousmane a perdu le contrôle de la Convention démocratique et sociale (CDS-Rahama), son ancien parti, et créé le Rassemblement démocratique et républicain (RDR-Tchanji).

Quant à Hama Amadou, il est toujours en exil en France, d’où il cultive un curieux silence. Condamné à un an de prison dans un dossier de trafic présumé d’enfants, il ne s’est pas résolu à rentrer au Niger, où sa femme a purgé une peine dans la même affaire.

Il aurait fait part de son souhait de revenir au pays à feu Salif Diallo (président du Parlement burkinabè et proche d’Issoufou, décédé en août 2017), mais réside toujours dans les environs de Paris. Son procès en cassation s’est ouvert à Niamey le 31 janvier.

Aucune décision importante ne saurait être prise sans qu’il ait été consulté par téléphone

Officiellement, l’ancien président de l’Assemblée nigérienne reste pourtant le chef de file de l’opposition en tant que leader du Moden Fa Lumana, le parti d’opposition qui a obtenu le plus de sièges aux législatives de 2016 (25).

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« Malgré l’absence physique de Hama Amadou, l’opposition se porte bien », assure l’un de ses ténors. « Aucune décision importante ne saurait être prise sans qu’il ait été consulté par téléphone », assure-t-on au siège du Moden Fa Lumana.

Une troisième coalition

De nouvelles figures ont cependant émergé au sein du parti, tel Amadou Ali Djibo, dit Max, chef de file « par intérim » de l’opposition en l’absence de « Hama ». C’est lui qui réunit, dans les bureaux du Lumana, les troupes du Front pour la restauration de la démocratie et la défense de la République (FRDDR, créé en août 2016).

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Ex-lieutenant d’Amadou, Soumana Sanda, président du groupe à l’Assemblée nationale et chef du parti pour la région de Niamey, avance lui aussi ses pions. Certains lui reprochent même de vouloir prendre la place du chef.

Quelques-uns tentent d’exister au sein du Front des partis politiques non affiliés pour l’alternance démocratique (FPNAD), souvent partenaire du FRDDR, comme lors des manifestations du 31 décembre 2017 contre la loi de finances.

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Parmi eux, Adal Rhoubeid, candidat à la présidentielle de 2016 (0,39 % des suffrages exprimés), ne rechignerait pas à gagner un peu d’espace politique et médiatique.

De même que la présidente du Rassemblement des citoyens pour un Niger nouveau (Racinn Hadin’Kay), Mariama Gamatié Bayard (0,38 % à la présidentielle de 2011), qui tente de mobiliser au sein d’une troisième coalition : le Front de l’opposition indépendante (FOI).

Parviendront-ils à rester sur le devant de la scène ? Rien n’est moins sûr. Nombre d’observateurs politiques estiment que Hama Amadou et Mahamane Ousmane, voire Seini Oumarou, peuvent attendre 2020 ou même 2021 pour « se montrer et reprendre la place ».

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