Côte d’Ivoire : la création du parti unifié suscite des tensions

Entre ceux qui veulent s’allier au RDR de Ouattara et ceux qui craignent de voir leur parti disparaître, avec la création en décembre 2017 du parti unique RHDP, le fossé se creuse dans la vie politique ivoirienne et au sein du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI).

Daniel Kablan Duncan, vice-président ivoirien. © Issam Zejly pour JA

Daniel Kablan Duncan, vice-président ivoirien. © Issam Zejly pour JA

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Publié le 26 février 2018 Lecture : 2 minutes.

Henri Konan Bédié, chez lui, à Daoukro, en 2015. © Sylvain Cherkaoui pour JA
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Côte d’Ivoire : une énigme nommée Henri Konan Bédié

Jamais Henri Konan Bédié n’a autant mérité son surnom de Sphinx : il multiplie les coups d’éclat et les déclarations contraires, laissant entrevoir à chacun des possibilités d’alliance… Quitte à alimenter les soupçons pour 2020.

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«Non au parti unifié ! » Pancartes à la main, slogans vindicatifs aux lèvres, plusieurs dizaines de jeunes bloquent le siège du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) à Cocody. Ce 12 janvier, les plus hauts responsables ivoiriens sont contraints de faire demi-tour. Présidé par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly et composé notamment du vice-président Daniel Kablan Duncan, le comité de haut niveau du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) ne se réunira finalement pas. Créée début décembre pour organiser la formation d’un seul parti regroupant le Rassemblement des républicains (RDR), le PDCI et leurs alliés, l’instance est déjà paralysée. Mort-née, se réjouissent certains.

Jusque-là camouflées, les tensions qui rongent l’ancien parti unique ivoirien apparaissent désormais au grand jour. Surgies dès la présidentielle de 2015, lorsque le PDCI a renoncé à présenter un candidat afin d’apporter son soutien à Alassane Ouattara, les dissensions n’ont fait que s’aggraver depuis et deux camps se font à présent face. Au cœur des crispations : le fauteuil présidentiel en 2020.

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Entre les deux tendances, des animosités bien réelles

Persuadé que l’avenir du PDCI ne peut s’écrire qu’au côté du RDR, Daniel Kablan Duncan milite avec ferveur pour un parti unifié. Avec les ministres du premier encore au gouvernement, tels que Patrick Achi ou Jeannot Ahoussou-Kouadio, il adhère au principe de primaires RHDP pour désigner un candidat à la présidentielle de 2020, quitte à ce que celui-ci ne soit pas issu des rangs de leur formation.

« Puisque le Parti démocratique n’existera plus, cela n’aura plus de sens ! Ce qu’il faut, c’est un président RHDP et un pouvoir RHDP », explique un partisan de cette ligne.

Opposés à un parti unifié, certains prônent même de nouvelles alliances, avec Guillaume Soro, ou avec une partie de l’opposition

Une proposition qui ressemble à une « manœuvre », selon leurs adversaires, qui raillent des ministres plus « ouattaristes » que PDCIstes. Cette tendance est menée par Maurice Kakou Guikahué, le secrétaire exécutif du parti, défendue par le porte-parole du parti, Jean-Louis Billon, ou encore par Noël Akossi Bendjo, le maire de la commune du Plateau, à Abidjan.

Les porte-drapeaux n’entendent pas transiger en 2020. Rappelant le pacte conclu à Daoukro et leur soutien au RDR en 2015, ils exigent « une alternance » et n’entendent pas renoncer à une candidature PDCI à la présidentielle. Opposés à un parti unifié, certains prônent même de nouvelles alliances, avec Guillaume Soro, ou avec une partie de l’opposition.

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Entre les deux tendances, les animosités sont réelles, faisant émerger l’hypothèse d’une scission. Chacun cherche à peser de tout son poids, mais tous savent que seul un homme tranchera : leur chef, Henri Konan Bédié.

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