Chemin de fer : Sitarail relancée pour doper la production de minerais

Démarrée en décembre, la réhabilitation du chemin de fer entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso vise à renforcer la place des deux pays dans le secteur extractif.

La première phase, d’un coût de 130 millions d’euros, couvrira la période 2018-2021. © Issouf Sanogo/AFP

La première phase, d’un coût de 130 millions d’euros, couvrira la période 2018-2021. © Issouf Sanogo/AFP

Publié le 8 mars 2018 Lecture : 2 minutes.

Le pont Henri-Konan-Bédié, à Abidjan. © Jacques Torregano pour JA
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Transport routier et ferroviaire : des investissements malgré les risques

En matière de transports, de grands projets sont lancés, dont la réhabilitation du chemin de fer entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ou la LGV marocaine. Mais les financements, surtout privés, sont insuffisants, le secteur étant considéré comme encore trop risqué.

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« Nous avons dû négocier longtemps avant d’aboutir », reconnaît Amadou Koné, le ministre ivoirien des Transports. C’est en juillet 2016 que la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ont signé la convention de concession révisée avec la Sitarail, gestionnaire et exploitant de la ligne de chemin de fer de 1 260 km reliant Abidjan à Ouagadougou (et filiale à 67 % du groupe français Bolloré Transport et Logistique, tandis que chaque État en détient 15 %). Mais c’est en décembre 2017 qu’a démarré le chantier de réhabilitation du tronçon.

Montant total du plan sur huit ans : 260 milliards de F CFA (396 millions d’euros). Cette vaste opération, jamais réalisée depuis l’attribution en 1995 de la concession, qui court jusqu’en 2030, vise d’abord le renouvellement complet de 853 km de voies ainsi que la réhabilitation de 50 ouvrages d’art, la rénovation de 31 gares et de 4 ateliers et la modernisation des équipements des ateliers de maintenance. De quoi changer le visage du chemin de fer, vestige de la colonisation qui ne cadre plus avec les nouveaux enjeux économiques auxquels font face les deux pays. À cause de la vétusté des infrastructures, il faut trente-deux heures de voyage à 40 km/h pour aller d’une ville à l’autre…

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Objectif : 300 000 voyageurs par an

La première phase se déroulera de 2018 à 2021 pour un investissement de 130 millions d’euros. Objectif : porter les capacités de transport à 1 million de tonnes de marchandises et à plus de 300 000 voyageurs par an (contre 800 000 t et 200 000 passagers aujourd’hui). Pour y parvenir, Sitarail fera dès le mois de mars l’acquisition de 4 locomotives et de 60 wagons-plateformes.

La seconde phase des travaux doit faciliter le transport de marchandises lourdes telles que les minerais. Les deux pays, qui aspirent à devenir d’importants acteurs miniers, misent sur les investissements de Sitarail pour doper la production du manganèse, entre autres. À terme, le volume annuel convoyé devrait atteindre 5 millions de tonnes, dont 2 millions de marchandises générales et 3 millions de minerais.

Par ailleurs, le trafic devrait concerner 800 000 voyageurs. La compagnie a d’ores et déjà noué un partenariat avec le groupe burkinabè Cimfaso pour transporter d’Abidjan à Ouagadougou 500 000 t de clinker, une matière première nécessaire à sa cimenterie établie dans la capitale, jusqu’ici acheminée par camion.

Un milliard pour les plateformes logistiques

L’augmentation des capacités du transport ferroviaire aura une incidence positive sur les capacités logistiques du port d’Abidjan. Le développement du chemin de fer de la Sitarail sera concomitant de celui des deux terminaux à conteneurs du site ivoirien, dont Bolloré Transport et Logistique détient la concession. Le terminal 2 devrait être livré en 2021, au moment où la première phase des travaux de modernisation de la ligne entre la capitale économique ivoirienne et Ouagadougou devrait s’achever.

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Des plateformes d’échanges entre rail et route sont réalisées pour faciliter l’import et l’export de l’ensemble des marchandises. Celles de Ferkessédougou, dans le nord de la Côte d’Ivoire, ou de Bobo-Dioulasso, dans le sud du Burkina Faso, seront ainsi amenées à accroître leurs activités. Des investissements qui frôlent le milliard d’euros.

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