Le match de la semaine : Samura Kamara face à Julius Maada Bio en Sierra Leone

Concurrents à l’élection présidentielle prévue ce mercredi en Sierra Leone, Samura Kamara, le ministre des Affaires étrangères qui portera les couleurs de l’APC, parti au pouvoir, et Julius Maada Bio, investi par le SLPP à Freetown, font figure de favoris.

Samura Kamara vs Julius Maada Bio © Infographie Jeune Afrique

Samura Kamara vs Julius Maada Bio © Infographie Jeune Afrique

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Publié le 6 mars 2018 Lecture : 3 minutes.

Pour les deux principaux candidats à la présidentielle du 7 mars prochain, tout s’est joué il y a de longues semaines déjà, le 15 octobre. Ce jour-là, le All People’s Congress (APC, au pouvoir) inaugure son nouveau siège dans son fief de Makeni, au centre du pays.

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À la surprise générale, Ernest Bai Koroma, qui achève son second et dernier mandat à la tête de la Sierra Leone, annonce que c’est son ministre des Affaires étrangères, Samura Kamara, qui portera les couleurs de l’APC à l’élection présidentielle.

Parmi les 16 candidats, le diplomate et l’ex-chef militaire font figure de favoris

Quelques heures plus tard, après d’âpres luttes internes, Julius Maada Bio est investi par le Sierra Leone People’s Party (SLPP) à Freetown. Seize candidats s’affronteront dans les urnes, mais Kamara et Maada Bio font depuis figure de favoris.

L’un est un diplomate expérimenté, mais assez peu connu du grand public. L’autre, militaire de formation, a dirigé la junte qui a destitué le capitaine Valentine Strasser en janvier 1996 avant de laisser le pouvoir, trois mois plus tard, à l’issue de l’élection présidentielle.

Échanges houleux

Logique si l’on juge l’homme à son CV, la désignation de Samura Kamara, 66 ans, n’en reste pas moins controversée au sein de l’APC. Cet économiste de formation, ex-gouverneur de la Banque centrale et ancien ministre des Finances, paraissait moins bien placé que certains poids lourds du parti comme John Fitzgerald Kamara, le ministre de la Justice, ou John Bonoh Sisay, grosse fortune du milieu des mines.

Il a fallu beaucoup travailler en interne pour apaiser les tensions. Rassembler les gens derrière Kamara n’a pas été simple

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Et nombreux sont ceux qui soupçonnent Ernest Bai Koroma de vouloir, à travers lui, garder une main sur le pouvoir. « Il a fallu beaucoup travailler en interne pour apaiser les tensions. Rassembler les gens derrière Kamara n’a pas été simple », admet un membre de l’APC.

Déjà candidat en 2012, Julius Maada Bio, 53 ans, devrait essayer de tirer parti du mécontentement économique et social qui a marqué le second mandat du président sortant. Pour beaucoup, son nom demeure aussi associé au retour à la démocratie et au multipartisme.

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Agitations internes au SLPP

Mais, en interne, la situation est plus délicate. Après plusieurs mois de tensions, pressentant qu’il ne parviendrait pas à s’imposer comme candidat, Kandeh Yumkella a claqué la porte du SLPP en septembre.

Le 7 mars, il briguera la présidence sous la bannière de son nouveau parti, la National Grand Coalition (NGC), composé notamment des déçus du SLPP, et menace de fragiliser Maada Bio.

Réunis pour un premier débat, le 15 février dernier, Maada Bio et Kamara se sont livrés à quelques échanges houleux, notamment sur des questions économiques. Le candidat du SLPP a entre autres critiqué la gestion des fonds destinés à la lutte contre Ebola.

Prévisions difficiles

Difficile de pronostiquer un vainqueur pour cette quatrième élection depuis la fin de la guerre civile en 2002. Le SLPP est bien implanté dans le Sud, mais l’APC, majoritaire à l’Assemblée avec 71 sièges de députés, paraît plus à même de séduire en dehors de ses bastions traditionnels.

Une victoire dès le premier tour semble peu probable et, en cas de second tour, Yumkella pourrait se retrouver à jouer les arbitres. Et si, comme Charles Margai en 2007, il parvenait à totaliser un peu plus de 10 % des suffrages, il pourrait faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

Nous comptons sur [Kandeh Yumkella] pour appeler ses partisans à voter pour sa famille politique d’origine

« Le cas échéant, nous comptons sur lui pour appeler ses partisans à voter pour sa famille politique d’origine », insiste Michael Lavahun, chargé de campagne de Maada Bio. Sauf qu’il y a onze ans, Charles Margai, dissident du SLPP, avait appelé à voter Koroma…

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