Dix choses à savoir sur Marouane Abbassi, nouveau gouverneur de la Banque centrale tunisienne

Le nouveau gouverneur de la Banque centrale de Tunisie va devoir convaincre Bruxelles de sortir le pays de sa « liste noire » des États exposés au financement du terrorisme.

Marouane Abbassi, nouveau gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, le 15 février 2018 © Hassene Dridi/AP/SIPA

Marouane Abbassi, nouveau gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, le 15 février 2018 © Hassene Dridi/AP/SIPA

Publié le 2 mars 2018 Lecture : 2 minutes.

• Grosse tête

Titulaire d’un doctorat de la Sorbonne (Paris), agrégé en économie, un temps professeur à l’université de Carthage, à celle de Tsukuba (Japon) et au Rensselaer Polytechnic Institute de New York, ce Tunisois de 58 ans, qui se plaisait à expliquer l’économie à ses camarades de fac, est considéré comme l’un des meilleurs spécialistes de la finance au Maghreb.

• Méfiance…

Depuis 2015, son nom a figuré à plusieurs reprises sur la liste des ministrables, mais, faute de garanties suffisantes sur les outils et la marge de manœuvre dont il pourrait disposer, Abbassi a décliné les propositions.

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• … réciproque !

Réputé pour sa probité et sa discrétion, il n’est membre d’aucun parti. En 2017, des formations représentées au sein du gouvernement ont estimé qu’il était « trop académique » pour que lui soit confié un portefeuille ministériel et ont préféré pousser à la nomination de Ridha Chalghoum aux Finances.

• Concurrent

Hakim Ben Hammouda, ministre des Finances dans le gouvernement de Mehdi Jomâa, avait également été pressenti pour prendre la succession de Chedly Ayari à la tête de la Banque centrale.

• Admiratif

Deux hommes l’ont influencé : son grand-père, un instituteur formé sur les bancs du collège Sadiki, un établissement réputé réformiste, et son père, passé, lui, par le lycée Carnot. Formé à l’école française, ce dernier a appris l’arabe seul et son fils lui voue une vive admiration.

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• Credo

Celui qui assure ne pas être « un naïf » dans son analyse de la crise économique explique que son expérience d’enseignant l’a convaincu que le seul bien qui augmente quand on le partage est… la connaissance.

• Défis

La tâche qui l’attend est ardue : il devra maîtriser l’inflation et réduire le déficit commercial, tout en établissant une politique monétaire cohérente et en travaillant à convaincre Bruxelles de sortir la Tunisie de la liste des « États susceptibles d’être fortement exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme ». « Le contexte est difficile, reconnaît-il, mais rien n’est impossible si on change notre façon de penser. »

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• Ingérence

Certains députés l’ont déjà mis en garde contre l’influence excessive que pourraient avoir des institutions internationales telles que le FMI. Ils craignent aussi qu’Abbassi ne conserve des réflexes de la Banque mondiale, pour laquelle il a travaillé (en tant qu’économiste principal, à partir de 2008, puis comme représentant en Libye à compter de novembre 2010).

• « Fou ! »

Plusieurs de ses proches ont affirmé ne pas comprendre son choix. Il faut dire qu’Abbassi a renoncé à un poste à l’étranger, payé en dollars, pour revenir en Tunisie dans un contexte particulièrement difficile.

Abbassi a renoncé à un poste à l’étranger pour revenir en Tunisie

• Révolution

À contexte exceptionnel, mesures exceptionnelles : pour encourager la relance, Abbassi veut lutter contre l’informel, mais aussi tourner le dos aux secteurs économiques traditionnels tels que le textile. Il table sur l’économie de l’intelligence et les start-up, plus à même, selon lui, de générer de la plus-value.

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