Guinée : avec CIS TV, Antonio Souaré parie sur l’audiovisuel panafricain
« Culture-Infos-Sport », la chaîne créée à Conakry par le patron de Groupe Business Marketing, prend ses marques et confirme sa vocation internationale.
La Guinée face au choc social
La croissance est forte et soutenue. Les revendications sociales le sont aussi en matière de pouvoir d’achat, d’accès aux services de base et, surtout, d’emploi des jeunes. Les Guinéens veulent du changement. Et ils le font savoir.
Déjà président de l’un des plus grands groupes privés du pays, de la Fédération nationale de football et du club champion en titre du pays (le Horoya AC), Antonio Souaré est désormais à la tête d’un groupe de médias exclusivement consacré au sport et à la culture : CIS (pour Culture-Infos-Sport) Médias, qui comprend une chaîne de télévision (CIS TV) et une station de radio (CIS Radio), basées à Conakry, dans le quartier de Lambandji (Ratoma).
Ce projet, qu’il a financé sur ses fonds personnels, est un pari de taille dans un pays et sur un continent où les chaînes occidentales, moyen-orientales et même asiatiques ont une longueur d’avance sur la couverture des événements sportifs.
D’abord intégrée au bouquet Startimes, CIS TV est disponible depuis le 1er février sur celui de Canal+
Justement, CIS veut être « la panafricaine du sport et de la culture », comme l’affiche son slogan. Après plus de deux ans de test, elle est entrée dans sa phase active de diffusion grand public en 2016 (canal 242 pour la télé et 106.0 FM pour la radio). D’abord intégrée au bouquet Startimes, elle est disponible depuis le 1er février sur celui de Canal+.
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C’est d’ailleurs au sein du groupe français qu’Antonio Souaré est allé recruter le directeur général exécutif de CIS Médias : le journaliste sénégalais Aboubacry Ba, qui, en juillet 2017, a donc abandonné les plateaux parisiens de Canal+, où il officiait depuis 2012, afin de rejoindre Conakry.
Pour l’ex-reporter sportif à la Radiotélévision publique sénégalaise, ce n’était pas une question de salaire. « J’avais le choix entre rester journaliste-reporter toute ma vie ou participer à la construction d’un groupe de presse, du côté du management, explique-t-il. Ce retour à la maison, pour mettre ma vision et mon expérience au service d’un média africain, est l’aboutissement d’un rêve. Ce que nous voulons avant tout, c’est donner au public une vision africaine du traitement de l’information sportive et culturelle. »
Droits de transmission
CIS Médias compte une centaine d’employés (guinéens, sénégalais, ivoiriens, béninois, rwandais, français) et s’appuie sur un réseau de correspondants en Afrique et en Europe.
Depuis l’arrivée d’Aboubacry Ba, les rédactions radio et télé ont été fusionnées, la direction des informations du groupe a été confiée à un seul patron, Bah Lamine (jusqu’alors rédacteur en chef radio), et, à la mi-octobre, une nouvelle grille des programmes a été installée, parmi lesquels 70 % sont consacrés au sport et 30 % à la culture.
« On se réveille le matin avec du divertissement, des jeux et de l’actualité culturelle. À partir de midi, nous passons aux sports et, dans la tranche 17 heures-21 heures, nous avons beaucoup de directs », précise Bah Lamine.
La chaîne compte désormais deux éditions d’information, à 13 heures et à 19 heures, et une rediffusion à 23 heures. Parmi les programmes culturels les plus suivis, Ary Show, un talk-show animé par Ary Sidibé, où sont reçus nombre de musiciens, comme le groupe guinéen Banlieuz’art, l’Ivoirien A’Salfo et le Congolais Koffi Olomidé.
L’émission phare de la chaîne, c’est la quotidienne Soir de sport
Mais l’émission phare de la chaîne, c’est la quotidienne Soir de sport. Les journalistes de la rédaction et leurs invités, en plateau et sur le terrain, abordent toutes les disciplines pratiquées sur le continent, mais y ayant peu de visibilité (notamment le handball, le basket-ball et la boxe), et, évidemment, le football.
Le temps du Championnat d’Afrique des nations (Chan), du 13 janvier au 4 février derniers, Soir de sport est d’ailleurs devenu Soir de Chan : l’occasion de débriefer les matchs suivis dans les stades marocains par les envoyés spéciaux (jeu, coulisses, réactions des joueurs, de l’équipe technique et des supporters), mais aussi d’analyser les causes de l’élimination du Sily national au premier tour en plateau, à Conakry, faute d’avoir obtenu les droits de retransmission des matchs.
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« Nous souhaitions diffuser le Chan, mais c’est la RTG [Radiotélévision guinéenne publique] qui en détient les droits exclusifs en Guinée. Alors, nous avons déployé une équipe importante au Maroc », explique Bah Lamine.
À la mi-2017, le groupe a cependant acquis des droits pour diffuser en direct certains matchs de la Premier League anglaise, de la Liga espagnole et de la Série A italienne – et même de la NBA, pour le basket –, et il est en « discussion avancée » pour retransmettre les cinq grands matchs du championnat mauritanien.
« Au bout d’un ou deux voyages sur le continent, certains s’autoproclament spécialistes du sport africain, mais ils le traitent à travers le prisme occidental, constate le directeur de l’information. Nous avons notre façon de vivre le sport et de l’exprimer. Et c’est cette particularité qui fera notre différence. »
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