Villes nouvelles au Maroc : dix ans après, des objectifs non atteints
Les quatre villes nouvelles construites au Maroc au début du millénaire par la société publique Al Omrane se sont soldées par des échecs. La population n’est soit pas au rendez-vous, soit pas satisfaite.
Le bilan en demi-teinte des villes nouvelles africaines
Le début du XXIe siècle a vu se multiplier les projets de villes nouvelles à travers le continent, du Maghreb au Rwanda en passant par le Sénégal et le Cameroun. Mais une quinzaine année plus tard, les objectifs ne sont que très partiellement atteints.
C’est au début des années 2000 que le Maroc a mis en place son Schéma national de l’aménagement du territoire (Snat). Une feuille de route comprenant notamment l’édification de villes nouvelles. À l’époque, l’objectif assigné était de trouver une solution à la forte demande en logements dans certaines régions et de décongestionner les grandes agglomérations.
La société Al Omrane, en tant qu’acteur public, s’est ainsi vu confier la gestion de quatre villes nouvelles : Tamansourt, près de Marrakech ; Tamesna, à côté de Rabat ; Chrafate, aux portes de Tanger ; et Lakhyata, au sud-ouest de Casablanca.
L’engouement s’est estompé
D’autres projets similaires étaient pour leur part réalisés par la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), bras financier de l’État, et par OCP. « L’État a mis à notre service une part importante du foncier public pour la réalisation de cette politique », rappelle le management d’Al Omrane.
D’une superficie globale de plus de 4 300 ha, dont 600 consacrés à des pôles d’activités économiques, ces quatre villes nouvelles s’étaient fixé pour objectif d’abriter à terme plus de 1 million d’habitants. L’investissement global a dépassé les 100 milliards de dirhams (8,8 milliards d’euros), comme le rappelle la direction de l’entreprise publique.
Les populations qui y vivent ne sont pas satisfaites de l’offre et se sentent « piégées »
Les débuts de Tamansourt et de Tamesna, entre 2007 et 2009, s’annonçaient prometteurs, mais l’engouement s’est estompé avec le temps. « L’expérience de ces nouveaux ensembles urbains commencés en 2004 n’a pas été sans embûches. Depuis leur lancement, les quatre villes avancent, mais pas toujours au rythme souhaité », confesse le management d’Al Omrane.
Villes mortes ?
En effet, les populations qui y vivent ne sont pas satisfaites de l’offre et se sentent « piégées », d’après ce que nous ont confié des habitants de Tamesna. Le déploiement des infrastructures et des équipements publics a tardé, avant qu’Al Omrane n’en fasse une priorité en 2013.
« À Tamesna, il n’y a presque pas de vie. Rien de tout ce qu’ils nous ont promis n’est en place, et nous attendons de voir si les dernières promesses seront tenues. Il est donc impossible de revendre un logement », déplore un habitant.
En dépit des plans de relance imaginés entre le bâtisseur public et le ministère de l’Habitat et de la Politique de la ville, ils ne sont pour le moment que 150 000 habitants, répartis sur les quatre villes. La plus grande population réside à Tamansourt, qui accueille plus de 55 000 riverains. Les travaux se poursuivent dans quelques villes, et l’offre grandit au fur et à mesure.
Pour le management d’Al Omrane, il est difficile d’apprécier la réussite de ces pôles urbains dix ans seulement après leur lancement.
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