« Pour la polygamie, levez le doigt ! »
J’ai bien connu ma mère, elle n’avait qu’une phobie : voir son mari lui imposer une deuxième épouse.
Chronique. J’ai bien connu feu Bourguiba, il a mis un terme à cette phobie en interdisant la polygamie il y a plus de soixante ans, faisant soupirer d’aise des millions de Tunisiennes.
Je connais des musulmanes partout dans le monde qui, souffrant le martyre de se voir infliger des concubines, nous envient cet acquis. Je prétends connaître un peu les femmes, et j’ai rarement entendu l’une d’entre elles lancer des youyous en voyant le père de ses enfants passer le seuil avec une possible maman supplémentaire.
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Et voilà que j’entends dire que le prédicateur islamiste tunisien Adel Almi, connu pour ses sorties d’un autre siècle, a convoqué une réunion afin d’étudier l’instauration de la polygamie dans mon pays. Je suis tombée des nues.
J’ai découvert un délire plus grand en lisant cette revendication d’une association de femmes sénégalaises
Mais j’ai découvert un délire plus grand, un peu plus au sud du continent, en lisant cette revendication d’une association de femmes sénégalaises décidées à agir non pas contre l’injustice, la guerre, la corruption ou la pauvreté en Afrique, mais en faveur de la polygamie. Elles se sont donc mises ensemble pour lancer l’appel le plus misogyne de l’Histoire : « Nous voulons que nos maris aient le droit d’épouser quatre femmes. » Là, j’ai carrément failli tourner de l’œil.
Toutefois, passé l’émotion et la colère, j’ai tenté de trouver les raisons d’une telle revendication. Je vous les livre pêle-mêle.
Le déni du corps
Les femmes de cette association aiment tellement leur mari qu’elles sont malades à l’idée de le voir butiner ailleurs que sous le toit conjugal. Le proverbe dit bien que, « si ton homme ne t’appartient pas dans la rue, fais en sorte qu’il t’appartienne à la maison », quitte à lui ajouter une ou deux croupes supplémentaires.
Ces épouses en ont assez de trimer du matin au soir, elles n’ont pas de quoi se payer une aide ménagère, personne pour élever les marmots avec elles, alors autant se mettre à plusieurs contre la crasse, les couches, le mil à piler, les caprices culinaires de monsieur.
Ces dames n’en peuvent plus des demandes sexuelles de leur mâle
Ces dames n’en peuvent plus des demandes sexuelles de leur mâle, qui virent au harcèlement, voire au viol, alors elles s’écrient : « Je t’en prie, ce soir, je suis fatiguée, va voir l’autre et fiche-moi la paix. »
Ces filles sont adeptes de l’amour à plusieurs. Une vraie farandole autour du bambou suprême. Plus on est nombreuses, plus on jouit.
Elles se fichent de leur mari comme de l’an quarante. Une armée de concubines ne viendrait pas à bout de leur indifférence. Elles préfèrent de loin se manucurer les ongles.
Et si ces malignes nourrissaient simplement des projets d’adultère ?
Et si ces malignes fomentaient des projets d’adultère ? Pendant que leur légitime s’occupe d’une concubine, elles font le mur pour aller voir leur amant. Ou comment l’abondance conjugale peut garantir l’aventure extraconjugale.
Elles n’ont aucune sexualité et sont dans le déni de leur corps. Nulle concurrence ne viendrait à bout de leur frigidité. Alors, à quoi bon ?
À moins qu’elles ne soient dénuées de sentiments, à l’instar de certains animaux réputés ne pas être jaloux, tels les cochons. Je n’invente rien. Certains théologiens musulmans justifient l’interdiction de consommer le porc de manière singulière : « Il risque de susciter des comportements condamnables, comme l’absence de jalousie entre conjoints. »
Si j’étais un homme, je me méfierais de cette association
Voilà. J’ai formulé mes hypothèses. Vous en trouverez d’autres. Mais, dans tous les cas de figure, personnellement, si j’étais un homme, je me méfierais de cette association.
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