Finance : Saham change de visage
La branche assurance du groupe marocain est cédée au sud-africain Sanlam pour 1 milliard de dollars. Une manne qui sera réinjectée dans un fonds d’investissement au sein duquel le fils du fondateur, Moulay M’hamed Elalamy, jouera les premiers rôles.
C’est le deal de l’année ! Saham Finances, qui regroupe le pôle assurance du holding de Moulay Hafid Elalamy, vient de passer sous le giron du sud-africain Sanlam. Ce dernier, présent dans l’actionnariat de cette structure depuis 2015, devrait débourser 1,05 milliard de dollars (environ 846 millions d’euros) pour en devenir l’unique actionnaire. « On n’aurait pas pu espérer un meilleur parti pour Saham Finances vu la complémentarité avec Sanlam, notamment sur les marchés africains, où nous sommes devenus un acteur de référence », souligne Nadia Fettah, directrice générale de Saham Finances.
Avec cette transaction à dix chiffres, la plus-value pour le groupe Saham (entré dans les assurances via l’acquisition, en 2005, de la CNIA pour 670 millions de dirhams, soit 58,7 millions d’euros) est mirobolante. Mais pas question de distribuer cette manne aux actionnaires. « Depuis sa création, en 1995, Saham n’a jamais distribué de dividendes. Ce n’est pas aujourd’hui que nous allons commencer », affirme Moulay M’hamed Elalamy, qui a repris officieusement les rênes du holding familial depuis la nomination de son père au ministère du Commerce et de l’Industrie.
Joli coup politique
Le jackpot engrangé grâce à cette cession – qui reste assujettie aux accords des différents régulateurs – sera ainsi injecté dans un nouveau fonds d’investissement panafricain. « Le montage de cette structure sera réalisé après le closing de la cession [un processus qui devrait prendre entre cinq et huit mois]. Dès lors, nous pourrons lancer les contacts pour fédérer, comme nous savons le faire, des investisseurs nationaux et internationaux autour de ce fonds. Mais aussi pour lancer nos premiers investissements dans différents secteurs d’activité, allant de l’agriculture aux services intégrés en passant par l’éducation, ainsi que dans de nouveaux métiers créateurs d’emplois et de valeur pour le continent », affirme Elalamy junior, qui s’est chargé de signer l’accord conclu avec le groupe sud-africain et va naturellement faire partie de l’équipe dirigeante du fonds. « Mon père n’a même pas lu le contrat de cession », affirme-t-il pour couper court à toute spéculation quant au conflit d’intérêts avec la position politique du fondateur du groupe.
Il n’empêche qu’à travers cette cession Moulay Hafid Elalamy réalise aussi un joli coup politique. L’opération constitue le premier investissement direct sud-africain de grande ampleur au royaume. De plus, l’actionnaire de référence de Sanlam n’est autre que le milliardaire Patrice Motsepe, beau-frère du nouveau président sud-africain, Cyril Ramaphosa. Et les responsables de Sanlam commencent déjà à chanter les louanges de la « stabilité institutionnelle et macroéconomique » du royaume. Des témoignages qui ne sont pas pour déplaire à la diplomatie chérifienne, qui a toujours eu maille à partir avec Pretoria, notamment au sujet de l’épineux conflit du Sahara. C’est bien connu, les bons intérêts économiques font les bons alliés politiques.
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