Les robots sont racistes !
C’est un scoop. Ouvrez l’œil, le bon, tendez l’oreille, celle qui entend : Jeune Afrique est en mesure de révéler, en exclusivité mondiale, et même – n’ayons pas peur des mots – intergalactique, une vérité aussi dérangeante qu’inattendue : les robots sont racistes !
Chronique. On croit avoir tout vu, tout entendu… et puis, boum ! Encore un truc qu’on n’avait jamais envisagé. Des robots racistes, madre mia, qu’est-ce qu’il reste pour certifier définitivement cette planète dingue de chez dingue ? Des poissons efféminés ? Des vaches nudistes ? Un pou narcissique ?
Et pourtant, l’information est vraie. C’est mon collègue Pieter, spécialiste de l’intelligence artificielle, qui a levé le lièvre. Il a collationné toutes sortes de rapports sur des pannes de robot, des mauvais fonctionnements de machines automatiques, des plantages spectaculaires de capteurs – et c’est là qu’il a vu le point commun : l’aspect ethnique de la personne que tous ces bidules ont en face d’eux.
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Prenons, par exemple, les robots qui utilisent la reconnaissance faciale. Quand ils scannent une tronche de Blanc, fût-il laid comme un pou (narcissique), ils le reconnaissent à tous les coups.
– C’est Benoît Tartempion, ouvrons-lui la porte.
Dès que la peau de l’impétrant s’assombrit, la situation se complique
Mais dès que la peau de l’impétrant s’assombrit, la situation se complique.
– Il ressemble vaguement à Ahmadou, mais je n’en suis sûr qu’à 77 % ; dans le doute, gardons cette porte hermétiquement fermée.
Mon ami Pieter est un scientifique. Devant un phénomène aussi dérangeant, il ne s’émeut pas, il ne s’énerve pas, il ne sort pas dans la rue manifester avec la CGT ou « Touche pas à mon pote », non : il cherche à comprendre. Selon lui, il y a plusieurs pistes de réflexion.
Plusieurs pistes de réflexion
La première a à voir avec l’explosion démographique africaine. Ledit Ahmadou a tellement de cousins que les robots ne s’en sortent plus. Tartempion, lui, est vraiment unique, tout au plus ressemble-t‑il à son grand-père mais celui-ci à la peau si fripée qu’il est impossible de prendre l’aïeul pour le pitchoun.
Autre explication, selon Pieter : les algorithmes de reconnaissance faciale, mis au point en Europe ou aux États-Unis, sont conçus en fonction d’une population blanche. Les paramètres dont ils tiennent compte ne sont pas adaptés à des peaux noires. Celles-ci sont en général beaucoup moins ridées, la vision du robot n’a plus rien à quoi s’accrocher, ça glisse, ça bogue et ça se plante. Piiiip-piiiip, couic ! La machine s’affole.
J’en parlais hier avec mon ami Hamidou, Peul d’élite doté d’un solide sens de l’humour. Il se mit à rire.
– Les robots n’arrivent pas à différencier entre deux Noirs ? Eh bien, moi, je ne peux pas distinguer entre deux robots. Ils se ressemblent tous… Match nul, quoi.
Un autre de mes amis prit la chose de façon plus grinçante :
– Lorsque les robots remplaceront les videurs des boîtes de nuit, il n’y aura aucun ajustement à faire. Ce seront toujours les mêmes qu’on ne laissera pas entrer.
Ils ne pourront pas nous tuer
Dans certaines situations extrêmes, m’apprit Pieter, les robots ne « voient » tout simplement pas les Noirs. C’est un peu comme ces gens qui, lorsqu’ils entrent dans un McDo ou un service administratif retranché derrière plusieurs guichets, se dirigent automatiquement vers la personne à la peau la plus claire (c’est prouvé par plusieurs expériences d’éthologie humaine). Qu’un assemblage de boulons mû par un algorithme se comporte comme un bipède perclus de préjugés est quand même consternant !
Aux États-Unis où des chercheurs ont également remarqué le problème « racial » des robots, un comique Afro-Américain a relevé le côté positif de l’affaire.
– Puisque tout se robotise petit à petit, un jour les policiers aussi seront des robots. S’ils ne nous voient pas, ils ne pourront pas nous tuer. Nous sommes sauvés !
On se console comme on peut…
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