Oumar Seydi : « les rendements de l’agriculture africaine sont encore trop faibles »

La Société financière internationale (IFC) a fait du secteur agricole, l’un de ses principaux piliers d’intervention sur le continent. Directeur régional de l’institution pour l’Afrique subsaharienne, Oumar Seydi répond à Jeune Afrique sur des questions de productivité, de coût des intrants et d’investissements dans le secteur.

En Algérie, l’agriculture représente 12% du PIB algérien. © Magharebia/CC/Flickr

En Algérie, l’agriculture représente 12% du PIB algérien. © Magharebia/CC/Flickr

Rémy Darras © Francois Grivelet pour JA

Publié le 23 mars 2018 Lecture : 3 minutes.

Plus de 800 personnalités africaines et internationales sont attendues au prochain Africa CEO Forum. © Eric Larrayadieu/JA
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Africa CEO Forum 2018 : l’heure de la transformation

Les 26 et 27 mars prochains, se tiendra à Abidjan la 6e édition du Africa CEO Forum, coorganisé par Jeune Afrique Media Group et Rainbow Unlimited. 1 200 personnalités, venues de l’industrie, de la finance et de la politique, y débattront des Champions africains à l’heure de la transformation, thème retenu cette année.

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Jeune Afrique : L’agriculture compte pour un tiers des activités économiques du continent et génère 60% des emplois, mais l’Afrique continue d’importer la plupart de ses produits alimentaires. Comment cette tendance pourrait-elle s’inverser ?

Oumar Seydi : Avant de pouvoir transformer sur place, il faut accroître la productivité du secteur car les rendements sont toujours trop faibles. Il convient d’utiliser les engrais appropriés, de sélectionner avec soin les graines et d’augmenter le rendement du sol grâce à un système d’irrigation adéquat au lieu de dépendre exclusivement des précipitations. Il faut aussi avoir recours à des techniques de pointe, encore trop peu utilisées en Afrique, qui s’inspirent de l’agriculture de précision, pour définir le traitement spécifique à appliquer à chaque sol et à chaque céréale.

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Cela nécessite des technologies adaptées (drones, satellites…) pour identifier des maladies qui peuvent détruire nos récoltes en les traitant systématiquement. L’autre aspect important concerne les infrastructures. Une grande partie de la production agricole est avariée car les routes et les moyens de stockage appropriés sont quasi inexistants ou vétustes pour pouvoir écouler cette production.

Nos gouvernements ont des ressources limitées qu’ils devraient plutôt allouer à des domaines tels que les secteurs sociaux, qui attirent moins le privé

Comment diminuer le coût des intrants qui demeure important ?

Les gouvernements se retrouvent aujourd’hui dans une situation où ils sont obligés de subventionner les intrants pour les fournir à des coûts accessibles aux agriculteurs. Il y a une grande disparité entre nos moyens et ceux de certains pays qui ont une meilleure maîtrise de cette chaîne de valeur et qui parfois reçoivent indirectement des subventions.

Pour renverser cette tendance, il faudrait investir des montants très importants et cela passe obligatoirement par la production locale d’intrants comme engrais. C’est pour cela que nous avons financé des sociétés comme Dangote. L’Afrique doit, par exemple, tirer profit de ses richesses en phosphates pour développer l’agriculture locale. Nos gouvernements ont des ressources limitées qu’ils devraient plutôt allouer à des domaines tels que les secteurs sociaux, qui attirent moins le privé.

Sur toute sa chaîne de valeur, la volaille africaine, par exemple, souffre de la concurrence de grandes chaînes de production sud-américaines

Beaucoup d’investissements privés ont été consentis dans l’agriculture ces dernières années. Comment le secteur peut-il être compétitif au niveau mondial ?

Sur toute sa chaîne de valeur, la volaille africaine, par exemple, souffre de la concurrence de grandes chaînes de production sud-américaines. Et dans le coût de cette volaille, il y a un coût très important lié à son alimentation. Il faut regarder dans chaque chaîne de valeur où se trouvent les avantages compétitifs. Il faut aussi prendre en compte la législation des pays dans lesquels on souhaite exporter ou produire. Il y a des secteurs pour lesquels nous avons des avantages certains, comme le climat et une bonne logistique d’exportation vers l’Europe. C’est le cas de l’horticulture au Kenya et en Éthiopie, où nous avons investi avec succès dans des unités comme Afriflora et VegPro.

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À Madagascar, le coût des aliments de bétail nous permet aujourd’hui d’envisager la création de toute une nouvelle industrie en s’appuyant sur la mise place de standards qui pourraient faire décoller l’exportation de viande de qualité. Quant au Mali, il pourrait mieux exporter ses mangues ou même son beurre de karité, qui possède des débouchés pharmaceutiques qui ne sont plus à démontrer.

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