Tunisie : Anis Riahi déploie les ailes d’EAC au sud du Sahara

Un an après le lancement de ses rotations avec l’Europe, Express Air Cargo ouvre 25 liaisons tout fret avec le Moyen-Orient et, surtout, avec l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.

Anis Riahi, PDG d’Express Air Cargo. © DR

Anis Riahi, PDG d’Express Air Cargo. © DR

Publié le 29 mars 2018 Lecture : 3 minutes.

Une Tunisienne dépose son bulletin dans un bureau de vote, à La Marsa, banlieue de Tunis (Tunisie), le 21 décembre 2014. © Hassene Dridi/AP/SIPA
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Il aurait préféré, il y a trente ans, que son entraîneur ne lui impose pas de choisir entre le football et les études. Pourtant, c’est sans trop tergiverser qu’Anis Riahi a opté pour les secondes, tout en restant un inconditionnel du ballon rond et de ses enseignements : « Avec le sport, on apprend la culture de la victoire, mais aussi à se fixer des objectifs pour remporter des titres. » Fonceur, persévérant, proactif… à 48 ans, Anis Riahi l’est toujours autant.

Malgré les turbulences économiques que traverse le pays, il a lancé en novembre 2016 la première compagnie tunisienne privée de fret aérien, Express Air Cargo (EAC), après avoir bataillé pendant un an et demi pour obtenir auprès du ministère du Transport l’agrément d’exploitation aérienne (AOC) de son entreprise.

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52 millions de dinars d’investissements

Pour sa première année d’exercice, la compagnie a réalisé 52 millions de dinars (plus de 17,5 millions d’euros) d’investissements, notamment pour ne pas se contenter de louer des espaces sur des vols commerciaux et commencer à former sa propre flotte, avec trois Boeing 737. D’ici à la mi-2018, elle en comptera sept.

En janvier, EAC a en effet franchi un nouveau cap : en plus des rotations quotidiennes qu’elle assure depuis février 2017 avec la France, l’Allemagne et Malte, la compagnie a ouvert 25 nouvelles liaisons tout cargo à partir des hubs aéroportuaires et logistiques de Tunis-Carthage et d’Enfidha, où elle est en train d’installer un centre de maintenance aéronautique certifié par son partenaire américain Boeing (un investissement estimé à 90 millions de dinars).

EAC couvre désormais l’Égypte, la Jordanie et le Liban et, surtout, 21 pays d’Afrique subsaharienne, où les échanges sous-régionaux de marchandises sont en plein essor.

Objectif : faire de Tunis un carrefour

Objectif : une triangularisation du tout-cargo Europe - Afrique - Moyen-Orient, avec Tunis pour carrefour. Les rotations avec le sud du continent sont, dans un premier temps, assurées par un gros-porteur effectuant un vol quotidien depuis Tunis jusqu’aux hubs de Conakry et de Douala.

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D’ici à la fin du premier semestre, il sera relayé par deux autres Boeing 737-400 basés à Conakry, pour couvrir l’ensemble des pays d’Afrique de l’Ouest, et par un troisième basé à Douala (Cameroun), pour les liaisons avec le Gabon, la Guinée équatoriale, le Congo et la RD Congo.

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Rien ne prédestinait Anis Riahi aux transports et à la logistique. De 1990 à 1995, il fréquente l’Institut des hautes études commerciales (IHEC) de l’université de Carthage, où il obtient un master en vente et en marketing. À l’époque, il est aussi disc-jockey pour se faire de l’argent de poche et, parallèlement à ses cours, il ouvre une imprimerie numérique, histoire de tester ses capacités d’initiative et de prise de risque.

En 1997, comme ses frères et sœurs, il rejoint l’entreprise paternelle, la Société industrielle d’articles de bureau (Siab), qui fabrique les stylos de la marque Reynolds pour le groupe américain Newell Rubbermaid à destination des marchés tunisien et maghrébin. Il peaufine sa formation par des stages à l’étranger, grimpe les échelons au sein de la société familiale jusqu’à la direction générale, où il mesure l’importance de l’export.

Capitaliser sur l’expérience

En 2007, un an après la fermeture de l’unité Reynolds de Valence (France), il convainc Newell de relocaliser en Tunisie. En 2009, la production de Siab est passée à 700 millions de stylos (contre 120 millions en 2006), exportés au Maghreb, en Europe, en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient, où la société ouvre une filiale, Siab Middle East & Africa, dans la zone franche de Jebel Ali, à Dubaï.

La même année, après avoir négocié avec celui du groupe Newel, la société ouvre son propre centre logistique, Express Logistic-Siab Packaging Logistic Center (Siab PLC), à Radès, dans la zone portuaire de Tunis, en partenariat avec UPS (un investissement de 12 millions de dinars).

Depuis, à la tête de Siab PLC, Anis Riahi a continué de s’investir – et d’investir – dans le transport et la logistique, mais aussi dans les technologies connexes, qui l’ont toujours passionné : caméras embarquées, systèmes informatiques de contrôle de gestion des données… De quoi garantir un suivi et une livraison toujours dans les temps, même au plus fort de la révolution de 2011, et capitaliser sur cette expertise pour, aujourd’hui, assurer l’envol d’EAC.

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