Gabon : Jessica Medza Allogo, petits pots, belle affaire

Après dix ans chez Total, Jessica Medza Allogo s’est lancé dans le commerce de confitures. Et ça marche.

Jessica Medza Allogo, fondatrice de l’entreprise Les Petits Pots de l’Ogooué © DR/Capture d’écran Facebook

Jessica Medza Allogo, fondatrice de l’entreprise Les Petits Pots de l’Ogooué © DR/Capture d’écran Facebook

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Publié le 4 avril 2018 Lecture : 3 minutes.

Le centre ville de Libreville (Gabon), le 22 août 2013 © David Ignaszewski pour Jeune Afrique
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Le Gabon d’après

Depuis 2016, entre la contestation des résultats de la présidentielle et la croissance atone, le climat était pesant. Enfin la relance s’amorce, et une partie de l’opposition accepte de dialoguer avant les législatives. Assez pour reprendre confiance ?

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Rien ne prédestinait Jessica Medza Allogo à vendre de la confiture. Rien, si ce n’est l’amour des fruits, un goût immodéré pour le risque… et une première vie dans le pétrole. Ingénieure formée à Polytechnique Montréal, Jessica Allogo a en effet travaillé pendant dix ans pour Total-Gabon, dont deux en expatriation en Birmanie. Le jour où la jeune femme quitte le pays pour rentrer au Gabon, un ami birman lui offre un cadeau qui va changer le cours de sa vie : 40 kg de mangues, qu’elle fait embarquer dans l’avion qui la ramène à Port-Gentil, non sans se demander ce qu’elle va bien pouvoir en faire.

À l’arrivée, sans surprise, les fruits sont trop mûrs. Elle décide tout naturellement d’en faire de la confiture, qu’elle conditionne joliment dans de petits pots de verre et offre à son entourage, jusqu’à ce qu’un collègue s’étonne qu’elle ne les vende pas. L’idée fait son chemin. Quelques mois plus tard, lors de la Journée internationale des droits des femmes, elle prend un stand pour présenter sa confiture maison.

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En une heure, la quinzaine de pots qu’elle avait apportés est vendue. Ceux réservés à la dégustation continuent d’être très appréciés. Les commandes affluent. Les jours suivants, de nouveaux clients appellent. Et voilà notre ingénieure debout à 4 heures du matin pour concocter sa confiture artisanale – devenue son « produit » – avant de filer au travail, quelques heures plus tard.

Jessica Allogo se fournit directement auprès de producteurs indépendants et de coopératives

En décembre 2016, Jessica Allogo finit par démissionner de chez Total pour se consacrer à plein temps à son entreprise, baptisée Les Petits Pots de l’Ogooué. Son indemnité de départ lui permet de préserver son train de vie – encore aujourd’hui, elle ne se verse qu’un petit salaire – et, surtout de développer sa PME, dans laquelle elle investit environ 50 millions de F CFA (76 000 euros). Les fruits qu’elle utilise sont exclusivement gabonais. Pour s’en assurer, Jessica Allogo se fournit directement auprès de producteurs indépendants et de coopératives en ananas, mangues, fruits de la passion, atangas, papayes, pamplemousses, oranges tropicales…

Elle raconte une histoire

Pendant six mois, la PME se fait connaître par les réseaux sociaux – notamment par sa page Facebook, qui lui permet de prendre des commandes via un service de messagerie cryptée, le client étant livré ensuite dans un point de retrait par un prestataire. Depuis juin 2017, elle dispose d’un réseau de distribution dans des boulangeries, des supermarchés, des stations-service… Car si l’atelier des Petits Pots de l’Ogooué se trouve à Port-Gentil, le gros de son marché est à Libreville. La PME a désormais une capacité de production de 3 000 pots par mois, compte trois salariés à temps plein plus quelques autres à temps partiel et a réalisé un chiffre d’affaires de 60 millions de F CFA en 2017.

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Aujourd’hui, l’objectif de la chef d’entreprise est d’augmenter sa production afin de pouvoir répondre à la demande de partenaires étrangers séduits par sa « collection » de dix confitures artisanales et par son concept : un art de vivre gabonais. Avec les fruits du terroir, un travail sur les saveurs, la texture, les mélanges et un packaging à la fois simple et raffiné, elle raconte une histoire.

Pour financer ses futurs investissements, qu’elle estime à 66 millions de F CFA, Jessica Allogo discute avec les banques mais pense avoir peu de chances de décrocher un crédit, car le taux d’intérêt (16 %) est trop élevé pour une PME de ce type. Alors elle participe à des concours pour obtenir des crédits à taux zéro, espère que le fonds d’investissement pour les PME qui vient d’être annoncé par le gouvernement sera bientôt opérationnel et, en attendant, vend ses petits pots comme des petits pains.

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