Gabon : « Le gouvernement doit accélérer la mise en place des réformes »
Alain Bâ Oumar, président de la Confédération patronale gabonaise (CPG) salue la décision des autorités de régler les dettes contractées auprès des entreprises et revient pour Jeune Afrique sur ce qu’il juge nécessaire pour améliorer le climat des affaires.
Le Gabon d’après
Depuis 2016, entre la contestation des résultats de la présidentielle et la croissance atone, le climat était pesant. Enfin la relance s’amorce, et une partie de l’opposition accepte de dialoguer avant les législatives. Assez pour reprendre confiance ?
La CPG regroupe près de 300 entreprises, qui contribuent à plus de 80 % du PIB et emploient 90 % de la main-d’œuvre formelle du secteur privé. Élu à sa présidence il y a un an, le PDG d’IG Telecom apprécie la décision prise en février par les autorités de régler la dette publique due aux entreprises, tout en revenant sur les réformes qui doivent être menées à bien si l’on veut, vraiment, changer le climat des affaires.
Jeune Afrique : Partagez-vous le diagnostic du gouvernement selon lequel les principaux freins juridiques auxquels le secteur privé est confronté sont l’absence d’un centre d’arbitrage et les problèmes dans la délivrance des titres de propriété et des permis de construire ?
Alain Bâ Oumar : Le climat des affaires au Gabon mérite d’être amélioré sur de nombreux points, dont ceux que vous évoquez et la qualité des décisions de justice, mais qui ne se résument pas à cela.
Parafiscalité, concurrence déloyale de l’informel, corruption, coût élevé des facteurs de production, coût et complexité des procédures d’exportation de nos produits, offre énergétique insuffisante, inadéquation formation-emploi, nécessité de renforcer la politique en faveur des PME, respect du code des marchés publics… La liste des sujets qui méritent plus d’attention de la part du gouvernement est longue.
Le 9 février, l’État a annoncé le règlement des trois quarts de la dette intérieure, avec le concours des banques, soit 310 milliards de F CFA [472,6 millions d’euros], dont une première tranche de 160 milliards dans l’immédiat. Qu’en pensez-vous ?
Quelles qu’en soient les modalités, le paiement de la dette due aux entreprises ne peut qu’avoir un impact positif pour la relance de notre économie, qui en a bien besoin. Cela permettra de stimuler la consommation, de stabiliser, voire de sauver, beaucoup d’entreprises qui souffrent et de relancer l’investissement.
Nous espérons donc recevoir bientôt le règlement promis de la première tranche et avons d’ores et déjà négocié, avec une banque de premier plan, un mécanisme de rachat global des créances publiques de nos entreprises membres concernées par la deuxième tranche de 150 milliards de F CFA.
Le gouvernement s’apprête à créer un compte séquestre, sur lequel seront placées les recettes destinées au remboursement des crédits de TVA. Est-ce la bonne direction ?
L’accumulation des arriérés de remboursement de TVA observée depuis le début de la crise, en 2014, tient à deux facteurs : le détournement par le gouvernement des recettes de TVA pour assurer d’autres dépenses urgentes et le trop grand nombre de mesures d’exonération fiscale, entre 2009 et 2014, pour encourager les investissements directs.
Sanctuariser à nouveau les recettes de TVA dans un compte séquestre à la Banque centrale et, comme le gouvernement vient de le décider, rationaliser les dépenses fiscales devrait permettre un retour progressif vers l’équilibre du mécanisme de la TVA. Pour accélérer ce processus, la CPG préconise une généralisation des compensations fiscales.
Le haut conseil pour l’investissement a-t-il changé quelque chose ?
La création, en mars 2017, de ce cadre d’échange permanent entre le gouvernement et les entreprises a permis de répertorier de manière consensuelle un chapelet de réformes à prendre dans divers domaines pour améliorer progressivement le climat des affaires. Maintenant, le gouvernement doit accélérer leur mise en oeuvre.
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