Style : Faty Ly, orfèvre sénégalaise de la céramique
À la tête de sa marque, la Sénégalaise Faty Ly explore traditions et cultures africaines à travers ses créations en céramique.
«Nous, les Sénégalais, sommes ouverts sur le monde tout en restant profondément attachés à notre culture », soutient la céramiste Faty Ly. Avec ses créations destinées à l’art de la table, cette passionnée de gastronomie rend hommage au patrimoine du pays de la Teranga.
En témoigne sa collection intitulée Nguka, un assortiment de pièces de vaisselle en porcelaine dorées à l’or fin et sur lesquelles sont reproduits des portraits de femmes wolofs rappelant le travail des maîtres de la photographie de Saint-Louis. Au-delà du Sénégal, sa série de mugs en porcelaine, Les Sapeuses, se veut un clin d’œil à la RD Congo…
J’ai grandi au sein d’une famille qui avait le goût de l’art et du savoir-faire artisanal. Mêler ces deux dimensions, c’est mon leitmotiv
Si l’argile a longtemps été sa matière de prédilection, la designeuse de 47 ans, native de Dakar, s’est peu à peu tournée vers la chromolithographie, une technique d’impression sur porcelaine, pour le moment impossible à mettre en œuvre au Sénégal. Aussi la reproduction de ses croquis est-elle réalisée en France, dans une manufacture de Limoges.
« J’ai grandi au sein d’une famille qui avait le goût de l’art et du savoir-faire artisanal. Mêler ces deux dimensions, c’est mon leitmotiv. Ma grand-mère possédait des statuettes de la sculptrice et potière casamançaise Seyni Awa Camara. C’est de là que me vient ma passion pour la poterie et la céramique. »
Collaborations avec Diénébou Zon et des artisans du Burkina Faso et du Mali
Une passion qui la mène, en 2000, au Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), où elle fait la connaissance de Diénébou Zon, une potière de Bobo-Dioulasso. Conquise par le travail de cette dernière et bien décidée à entamer une collaboration, Faty Ly choisit d’ouvrir l’année suivante son propre atelier à Dakar, dans le quartier du Point E.
« Avec Diénébou, nous avons réalisé des pièces de poterie décoratives mais aussi des objets utilitaires, comme des assiettes ou des bols. J’ai également travaillé avec d’autres artisans du Burkina Faso et du Mali afin de promouvoir leur travail sur le bronze, le bois ou le textile », raconte celle qui a appris le métier de galeriste à Drouot Formation, à Paris, dans les années 1990.
Outre ces activités, Faty Ly étudie le design en céramique à l’école Central Saint Martins de Londres, avant de s’installer au Sénégal en 2010.
Ma clientèle est une clientèle de niche, féminine et africaine
Aujourd’hui, son atelier est essentiellement tourné vers la confection des produits de sa marque, Fatyly, lancée en 2015. Elle y travaille seule, faisant appel au besoin à de la main-d’œuvre. Ses assiettes, services à thé et à café en porcelaine ou encore ses luminaires en argile sont disponibles à Dakar et à Abidjan mais aussi à Lagos.
Bientôt, ses créations seront mises en vente en Suisse et aux États-Unis. Prix moyen de ses pièces : entre 22 500 et 95 000 F CFA [entre 34 et 145 euros]. « Ma clientèle est une clientèle de niche, féminine et africaine », ajoute la créatrice, qui refuse de donner son chiffre d’affaires. En ce moment, elle s’attelle à finaliser sa prochaine collection, d’inspiration ivoirienne, qui devrait être dévoilée courant mai. « J’ai également dans l’idée de me lancer dans la création d’œuvres d’art. »
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