Café : « Il faut miser sur la particularité de certaines fèves africaines »

Jeune Afrique a rencontré Edward George, directeur de la recherche d’Ecobank, qui nous livre son baromètre sur les cafés africains. Selon lui, marginalisés ces dernières années, ils doivent capitaliser sur les marchés de niche où ils sont solidement implantés.

Ce café de basse altitude se distingue par son arôme puissant (ici, au Kenya). © Thomas Koehler/Photothek via Getty Images

Ce café de basse altitude se distingue par son arôme puissant (ici, au Kenya). © Thomas Koehler/Photothek via Getty Images

Publié le 11 avril 2018 Lecture : 2 minutes.

Un ouvrier agricole congolais travaille dans une ferme agro-industrielle appartenant au groupe minier Bazzano à proximité de Likasi, troisième ville de la province minière du Katanga, située à 120 km à l’ouest de la capitale provinciale Lubumbashi, en République démocratique du Congo, le 26 février 2015. © Gwenn Dubourthoumieu pour Jeune Afrique
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« Selon ­l’Organisation internationale du café (OIC), les principaux producteurs africains connaissent une embellie avec des productions annuelles en nette hausse. De quoi enrayer des décennies de recul sur les marchés mondiaux.

Plusieurs pays africains ont longtemps compté parmi les plus gros producteurs mondiaux de café. Ce n’est plus le cas [voir graphique ci-dessous]. Le Vietnam et le Brésil pour le robusta, la Colombie et le Brésil pour l’arabica sont devenus les producteurs prédominants de fèves pour le marché mondial.

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Une capacité en volume limitée

Le continent progresse, mais moins vite que le marché mondial. Même si les chiffres de production et ­d’exportation peuvent être ponctuellement favorables, les pays africains ne sont pas en mesure de jouer la carte du volume. Je doute qu’ils puissent s’aligner sur les échelles atteintes et les coûts de production de leurs concurrents asiatiques et sud-américains. La seule option est de parier sur des flux commerciaux de niche ou sur la particularité de certaines fèves africaines.

Par exemple  : le Yirgacheffe, l’un des plus anciens cafés éthiopiens, s’exporte quasi intégralement vers l’Arabie saoudite. En Ouganda, l’autre producteur africain de grande échelle, le robusta a ses marchés d’exportation : le Soudan et l’Égypte sur le continent, ainsi que l’Italie, l’Allemagne, la Belgique et l’Espagne en Europe.

La piste du Robusta

De moins bonne qualité et souvent utilisé pour le café en poudre, le robusta ivoirien possède des débouchés sur le pourtour méditerranéen, au Maghreb et en Europe. Mais les filières africaines du café ont peu de marge de manœuvre au niveau des exportations. Elles doivent chercher des relais sur leur propre marché par le biais de la consommation nationale. En particulier en Afrique de l’Ouest, où le potentiel est important.

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De nombreux autres pays africains affichent une production plus modeste d’arabica ou de robusta.

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Ces pays doivent privilégier le marché de spécialité [haut de gamme], sur lequel le Kenya et la Tanzanie peuvent atteindre des parts d’exportation très significatives. Une anecdote est éloquente : avec 500 000 sacs de robusta, la production annuelle camerounaise est marginale comparée aux quelque 29 millions de sacs vietnamiens.

En visite dans un entrepôt de stockage de fèves du pays, je demande à qui elles seront vendues. On me répond “Nestlé”. Pourtant, il s’agissait de fèves de café, pas de cacao. Le fin mot de l’histoire est que la multinationale suisse se porte acquéreur de telles fèves pour la couleur rouge et la texture qu’elles donnent au chocolat. C’est ce genre de niche que les fèves africaines doivent rechercher.»

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