Maroc : Tanger Med lancé à plein régime

À la tête de la zone franche la plus dynamique du continent, la région est un véritable moteur de croissance pour le royaume.

Le complexe portuaire a traité 3,3 millions de conteneurs en 2017. © Hope Production/hemis.fr

Le complexe portuaire a traité 3,3 millions de conteneurs en 2017. © Hope Production/hemis.fr

fahhd iraqi

Publié le 15 avril 2018 Lecture : 3 minutes.

L’avenue Mohammed-VI, à Tanger, le long de la baie tangéroise. © Dubois/Andia.fr
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Maroc : le paradoxe du Nord

A l’ouest, Tanger et sa petite sœur Tétouan, symboles d’une mondialisation heureuse. A l’est, Al Hoceima, longtemps oubliée du développement. Si toutes trois dorment désormais dans le même lit administratif, les premières finiront-elles par réveiller l’arrière-pays rifain ?

Sommaire

Territoire autonome en tant que « zone internationale » de 1923 à 1956, Tanger a très tôt bénéficié d’un statut spécial au sein du Maroc indépendant, du moins sur le plan économique. Dès 1963, un dahir (décret royal) lui a accordé un dispositif fiscal spécifique qui, à l’époque déjà, a constitué un levier pour bon nombre d’investissements.

L’ouverture de l’économie du royaume, trente ans plus tard, a favorisé la création de la zone franche de Tanger, puis de celle de Tanger Med, alors que la ville n’avait jusque-là pas de véritable port de commerce. Deux projets stratégiques complémentaires engagés en 1999 et qui ont permis à la région Tanger-Tétouan d’effectuer une véritable mutation économique.

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Regroupées au sein de l’entité Tanger Med Zones (TMZ), cinq plateformes industrielles et logistiques constituent le poumon économique du nord du royaume. Outre l’historique Tanger Free Zone (TFZ) et sa petite sœur, Tanger Automotive City (TAC), on compte aussi une zone franche logistique, ainsi que Tétouan Shore, spécialisée dans les services offshore, et Tétouan Park, destinée aux industries légères et aux PME. Sans oublier Renault Tanger Med, également gérée par TMZ mais dont l’usage est exclusivement réservé au constructeur français.

Carotte fiscale

Plus de 750 entreprises sont installées dans ces zones, représentant un chiffre d’affaires de 5,5 milliards d’euros en 2017 et 65 000 emplois. Dans son classement annuel, la bible des investisseurs FDI Magazine (Groupe Financial Times) a classé TMZ première zone franche du continent et sixième au niveau mondial pour son potentiel et son attractivité.

Elle ne manque en effet pas d’atouts. Avec une exonération de l’impôt sur les sociétés pendant les cinq premières années (puis un taux réduit à 8,5 %), en plus de la franchise de la TVA, des droits de douane et des frais de transfert de devises, la carotte fiscale est des plus alléchantes. Il y a surtout l’adossement au plus grand complexe portuaire du pays, Tanger Med, situé à l’intersection de flux maritimes majeurs et à proximité des marchés européens.

Connecté directement à 174 ports mondiaux, ce complexe lancé en 2007 peut traiter 9 millions de conteneurs. Il en a géré 3,3 millions en 2017, soit plus de 51,3 millions de tonnes de marchandises (en hausse de 15 % par rapport à 2016). Son trafic passagers augmente aussi (+ 3 %), avec près de 2,83 millions de voyageurs en 2017 (pour une capacité de 7 millions par an).

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Les infrastructures offertes par les cinq zones d’activité de TMZ ont incité de grands groupes internationaux à s’y implanter, la plupart entraînant dans leur sillage nombre de sous-traitants. Ainsi, le gigantesque site de Renault (1 milliard d’euros d’investissements) a influencé la création de la zone réservée aux équipementiers automobiles, TAC, qui est actuellement l’une des plus dynamiques de Tanger Med.

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Lancée en 2014, elle compte déjà une trentaine de compagnies, qui emploient plus de 2 000 personnes. L’an dernier, Siemens y a ouvert une unité de fabrication de pales pour éoliennes (un investissement de 100 millions d’euros) et, en février, le groupe français aéronautique Daher, qui a été l’un des premiers à s’implanter à Tanger Med (en 2001), a confirmé son ancrage régional en y lançant un nouveau site de production dans lequel il a investi 15 millions d’euros.

Cas d’école

L’attractivité de TMZ est amenée à se renforcer à la faveur d’autres grands projets structurants, à commencer par l’entrée en exploitation, prévue en juin, de la ligne à grande vitesse (LGV) Tanger-Casablanca. L’extension du port, Tanger Med 2, sera entièrement achevée en 2019 et augmentera la capacité du complexe portuaire de deux terminaux à conteneurs et de 2 800 m de quai supplémentaires. Enfin, le projet de Cité Mohammed VI-Tanger Tech, à Aïn Dalia, permettra de développer le tissu industriel dans le sud de l’agglomération.

Un port et des zones d'activité © Tanger Med Zones

Un port et des zones d'activité © Tanger Med Zones

Cette dynamique des zones d’activité de TMZ autour du complexe portuaire a permis à la région de se hisser dans le top trois des plus importants contributeurs au PIB du pays (10,1 %) et, selon le Haut-Commissariat au plan, son apport à la croissance est estimé à 0,8 %, le plus élevé après celui de la région Casablanca-Settat. Tanger Med est un véritable cas d’école d’émergence industrielle, et l’idée est de dupliquer son modèle de plateforme industrialo-portuaire dans d’autres régions du royaume, comme c’est le cas dans l’Oriental avec Nador West Med, à l’autre extrémité de la côte méditerranéenne marocaine, à deux heures de route d’Al Hoceima.

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