Algérie : paroles de médecins résidents en grève
La colère ne faiblit pas chez les médecins résidents algériens, qui dénoncent de multiples défaillances dans le système de santé. Témoignages.
Algérie : c’est grave docteur ?
Malgré la répression du gouvernement, le mouvement de grèves des médecins résidents ne faiblit pas en Algérie. Et pour cause, le système de santé connaît de nombreuses défaillances. Enquête.
Slimane Yahia* : Anesthésie et réanimation
« Notre système souffre d’une répartition inégale des ressources humaines et matérielles à travers le territoire, de la rigidité de l’administration, d’une formation pédagogique et scientifique obsolète et d’un manque cruel en personnel paramédical. Comment annoncer à une mère, qui venait de parcourir 500 km par bus, que nous ne pouvons pas hospitaliser son enfant par manque de lit ?
Est-il admissible de renvoyer un accidenté de la route vers une autre structure car l’IRM et le scanner sont en panne, le bloc opératoire indisponible ou que tous les médecins en service sont occupés, alors que l’urgence du cas exige une prise en charge immédiate ? Comment ne pas compatir face à la douleur des patients cancéreux et de leurs familles devant les insuffisances de nos hôpitaux ? Cette situation ne peut pas perdurer. Nous avons placé toute notre confiance dans la commission intersectorielle, espérant un dialogue constructif et serein. »
Le médecin spécialiste est affecté dans des structures le plus souvent médicalement dépassées, sans plateau technique adéquat ni soutien logistique
Jamil Bouazza* : Cardiologie
« Les médecins résidents, statut équivalent à celui des internes en France, sont obligés, à la fin de leur cursus, d’aller travailler dans le Sud ou dans les Hauts Plateaux pendant une durée de un à quatre ans afin d’obtenir le diplôme définitif et l’autorisation d’exercer. Cette mesure est en contradiction avec le principe d’égalité entre les citoyens.
Au-delà de son caractère discriminatoire, le service civil est inefficace. Les rapports du Conseil national économique et social [Cnes] sur le développement humain en Algérie ont mis en évidence l’échec de la démarche, son retentissement négatif sur la santé des citoyens et sur l’épanouissement professionnel et social du médecin assujetti. Le médecin spécialiste est affecté dans des structures le plus souvent médicalement dépassées, sans plateau technique adéquat ni soutien logistique. »
*Les noms ont été modifiés.
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