Pour la valorisation du pouvoir des plantes dans la médecine

Plus de 80 % de la population africaine a recours aux méthodes traditionnelles de soin. Un partenariat pharmaciens-industriels pourrait permettre d’en sécuriser la fabrication et d’en faire des médicaments à part entière.

De nos jours, plus de 80 % de la population africaine a recours aux méthodes traditionnelles de soin avec des plantes médicinales. © Creative Commons

De nos jours, plus de 80 % de la population africaine a recours aux méthodes traditionnelles de soin avec des plantes médicinales. © Creative Commons

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  • Ali Benmakhlouf

    Professeur des universités et membre correspondant de l’Académie nationale de pharmacie, à Paris.

Publié le 12 avril 2018 Lecture : 2 minutes.

Tribune. Et si le savoir lié à la pharmacopée traditionnelle était enfin valorisé ? De nombreux médecins, biologistes et pharmaciens africains en ont clairement exprimé le souhait lors du dernier congrès annuel de l’Officine, qui s’est tenu à Marrakech à la fin du mois de février.

Il aura fallu attendre 2006 pour que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) adopte l’intégration de la médecine traditionnelle dans les systèmes de santé nationaux, en favorisant leur promotion dans les pays du Sud et en mettant fin à l’accusation systématique de charlatanisme.

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De nos jours, plus de 80 % de la population africaine a recours aux méthodes traditionnelles de soin, alors pourquoi ne pas les intégrer en proposant un partenariat pharmaciens-industriels dans la fabrication de produits à base de plantes, pour les sécuriser et en faire des médicaments à part entière ?

Pour traiter la prostate : courge, prunier et palmier nain d’Afrique

Des traitements qui ont fait leurs preuves

En tout cas, les spécialistes du continent sont prêts, d’autant que le matériau ne manque pas. Le pharmacien béninois Charles-Henri Ainadou vante ainsi les vertus de l’Anteprost, un produit fabriqué à base de plantes qui permet de traiter l’hypertrophie bénigne de la prostate, à l’instar de la courge, du prunier et du palmier nain d’Afrique.

Quant au chercheur gabonais Serge Issembe, il reconnaît les bienfaits de l’iboga, notamment dans le sevrage des toxicomanes. Ce pharmacien relaie le remarquable travail de son collègue burkinabè, le professeur Innocent Pierre Guissou, qui a participé à la mise au point de la commercialisation des médicaments traditionnels améliorés (MTA) comme le Faca, un antidrépanocytaire dérivé d’extraits de plantes médicinales.

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Au Maroc, le biologiste Adnane Remmal propose une alternative aux antibiotiques dans l’alimentation animale : les huiles essentielles, qui stimulent l’immunité et évitent les effets délétères des premiers. Parce qu’ils ont reçu pendant longtemps et au quotidien des traitements antibiotiques à des fins de croissance et non de thérapie, les animaux ont en effet fini par développer une résistance à ceux-ci. Et l’on retrouve ce même phénomène chez les hommes qui les consomment.

Les États africains doivent conceptualiser de nouvelles molécules et déposer des brevets

Mais pourquoi, malgré ces résultats et ces volontés, malgré aussi les reconnaissances internationales, les États africains s’intéressent-ils si peu aux médicaments à base de plantes médicinales ? Il s’agit de se hisser au stade de la conception de nouvelles molécules et de pouvoir déposer des brevets. Le développement ne sera alors plus simplement d’emprunt.

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