Musique : avec « Ceinture noire », Maître Gims s’impose avec démesure dans la variété

En l’espace d’une semaine, « Ceinture noire », le nouvel album de Maître Gims, est déjà numéro un des ventes en France. Passé l’effet d’annonce et les polémiques, à l’écoute, c’est un coup de maître. Pour qui aime la variété…

Le chanteur Maître Gims. © Lionel Cironneau/AP/SIPA

Le chanteur Maître Gims. © Lionel Cironneau/AP/SIPA

leo_pajon

Publié le 23 avril 2018 Lecture : 2 minutes.

Hors norme. Il fallait un album démesuré pour un artiste qui ne l’est pas moins. Ceinture noire, le troisième projet solo du Teddy Riner de la variét’, cloue la concurrence sur le tatami. Au total, pas 12, pas 30, mais 40 titres répartis sur un double album disponible en trois versions différentes (1er Dan, 2e Dan, 3e Dan). Une première place pour les ventes dans l’Hexagone, avec 49 299 exemplaires écoulés en l’espace d’une semaine. Une invitation au JT de la première chaîne française (qui produit l’album via le label Play Two, précisons-le). Une tournée internationale et une date au Stade de France (le 28 septembre 2019).

Même la sortie du disque a été spectaculaire grâce à une contre-publicité dont le chanteur se serait bien passé. Des gros bras de la Ligue de défense noire africaine, un collectif radical, sont entrés dans des magasins pour jeter les albums par terre. Selon eux, l’artiste, « qui se dit ambassadeur du Congo », ne fait rien pour son pays. « Il y a des millions de morts au Congo, tu ne prends jamais la parole. » D’autres lui ont reproché sur les réseaux sociaux de « courir derrière la nationalité française » quand il devrait rester fier de son pays.

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Patchwork entre Cumbia, rap hardcore, afrotrap…

Passé l’effet d’annonce et les polémiques, que penser du projet gargantuesque de Gandhi Djuna (son vrai nom) ? Sur le papier, le menu Gims et ses 40 titres, dopés aux effets de réverbération et de vocodeur, paraissent un peu écœurants. À l’écoute, c’est un coup de maître… pour qui aime la variété.

De chanson en chanson, l’artiste prouve qu’il est capable, en « Caméléon » (premier single de l’album), de s’adapter à n’importe quel style. Cumbia (« Fuegolando »), pop (« La même », avec Vianney), rap hardcore (« Loup-garou », avec Sofiane), afrotrap (« Appelez la police », avec MHD) et même flamenco (« Tu m’as mis dans la merde ») ou Bollywood (« Laissez-moi tranquille »).

Maître Gims a composé l’album parfait pour se faire une place dans la grande famille du genre roi en France, la variété

Bizarrement, ce drôle de mezze reste cohérent, car la voix de Gims, comme une sauce bien épaisse, vient napper le tout avec ses trémolos et son falsetto (voix de tête) reconnaissables à la première vocalise.

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Une place dans la variété française

Tout s’écoute et, surtout, presque tous les titres sont suffisamment catchy pour servir de single. Mais la démarche questionne. Pourquoi cette boulimie de genres ? Peut-être parce qu’elle lui a déjà réussi sur ses précédents albums solos. Peut-être est-ce aussi une manière de mettre au défi ses confrères : « Regardez, je sais le faire aussi et je le fais mieux que vous. »

Mais sans doute également parce que cet ancien enfant placé en famille d’accueil est avide de reconnaissance. Ce n’est peut-être pas un hasard si, au moment même où Gandhi Djuna faisait les démarches pour acquérir la nationalité française, Maître Gims composait l’album parfait pour se faire une place dans la grande famille du genre roi en France, la variété.

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