En Afrique de l’Ouest, les réseaux de microfinance regroupent leurs forces
Six réseaux ouest-africains de microcrédit lancent un établissement de crédit sous-régional, la Financière de l’Afrique de l’Ouest, qui leur permettra de s’affranchir de la dépendance des banques commerciales.
Finance : l’heure de l’expansion
De Kenya Commercial Bank, à Nairobi, à Coris Bank, à Ouagadougou, les banques africaines affichent une belle santé qui leur permet de mettre l’accent sur le digital et les nouveaux marchés. Du côté de la microfinance, un nouvel établissement sous-régional se propose de changer la donne en Afrique de l’Ouest.
Six réseaux ouest-africains de microcrédit (Réseau des Caisses populaires du Burkina, Kafo Jiginew et Nyèsigiso au Mali ou encore Pamecas au Sénégal) préparent le lancement d’ici à juillet des activités d’un établissement de crédit qui a vocation à devenir une banque sous-régionale. N’agissant pas comme une banque de détail, la Financière de l’Afrique de l’Ouest (Finao), implantée à Dakar, va démarrer avec 4,5 millions de clients et 800 points de vente, selon les informations de Jeune Afrique.
En 2016, l’épargne collectée par ces six institutions a franchi le cap de 400 milliards de F CFA, contre quelque 300 milliards de F CFA de crédits octroyés. L’excédent de ressources ainsi dégagé, soit 100 milliards de F CFA, sera mis à disposition de la Finao pour une intermédiation directe au profit de ses fondateurs et des institutions de microfinance de la sous-région.
Ressources pérennes et moins coûteuses
« L’agrément confère à Finao la possibilité d’opérer sur deux segments : les prêts et les paiements. Il s’agit de répondre aux besoins des membres en ressources longues et de compléter la gamme des services au profit de nos membres », explique Daouda Sawadogo, directeur général de la Faîtière des Caisses populaires du Burkina, l’actionnaire majoritaire du futur établissement.
Son capital initial, 5 milliards de F CFA, est apporté par ce dernier (47 %), par le suisse Éléphant vert (45 %), actif dans l’agriculture bio, et les 8 % restants par la Confédération des institutions financières de l’Afrique de l’Ouest. L’établissement entend favoriser une intermédiation directe entre les institutions financières décentralisées de la sous-région et diversifier l’offre de services.
Un taux de 5,5 % pour les opérations de court terme
Le nouvel établissement prévoit d’offrir son concours à un taux de 5,5 % pour des opérations de courte échéance (moins de deux ans), 7,5 % pour les maturités comprises entre trois à cinq ans. Une offre nettement plus intéressante comparée aux conditions actuelles, où les taux proposés par les banques commerciales varient entre 8 % et 12 % pour le court terme. Pour le moyen terme, les interventions sont faibles voire quasi inexistantes. L’établissement va également lever des ressources auprès de partenaires.
« Finao va non seulement offrir aux réseaux membres des ressources à moyen et long terme, qu’ils ont du mal à avoir sur le marché. Mais nous espérons aussi baisser le coût du crédit pour les clients des systèmes financiers décentralisés en Afrique de l’Ouest », a indiqué le Togolais Éric Ekué, spécialiste de la microfinance.
Finao va faciliter l’accès des institutions de microfinance à des ressources à terme et à des systèmes modernes de paiement à des conditions avantageuses. « Les promoteurs de Finao affichent l’ambition de concourir activement à l’accélération de l’inclusion financière », conclut-il.
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