Face à face : les énergies contraires de David Grylls (Actis) et Séraphin Fouda (Eneo) au Cameroun

Le distributeur d’électricité Eneo, contrôlé par Actis, attend de voir sa concession renouvelée au Cameroun. Mais la décision de l’État est bien incertaine.

Eneo, à Douala. © Nicolas Eyidi pour Jeune Afrique

Eneo, à Douala. © Nicolas Eyidi pour Jeune Afrique

JULIEN-WAGNER_2024

Publié le 9 mai 2018 Lecture : 1 minute.

Entre le président du conseil d’administration d’Eneo, Séraphin Magloire Fouda, accessoirement secrétaire général de la primature camerounaise, et David Grylls, directeur associé du fonds d’investissements britannique Actis, une bataille sourde est engagée depuis des mois.

L’enjeu ? Le renouvellement de la concession du distributeur d’électricité Eneo, 300 milliards de F CFA (457 millions d’euros) de chiffre d’affaires annuel. Alors que celle-ci doit s’achever en 2021, l’entreprise contrôlée par Actis (56 % du capital, coactionnaire avec l’État) fait face à d’importants problèmes de trésorerie, notamment dus à des arriérés de l’État. Si Actis souhaite être sûr que son bail sera étendu avant d’investir davantage, l’État, à travers Séraphin Fouda, souffle le chaud et le froid quant à ses intentions réelles.

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Le barrage de Nachtigal, moyen de pression ?

Souhaite-t‑il renationaliser Eneo ? Libéraliser le secteur ? Changer de partenaire au profit d’acteurs chinois ? Ou simplement négocier de meilleures conditions en faveur de Yaoundé ? À Londres, on se perd en conjectures et, depuis des mois, de nombreux représentants du Foreign Office ont fait le voyage dans la capitale pour sonder les impénétrables voies camerounaises.

Dans la manche de David Grylls demeure cependant un atout de taille : l’impatience des bailleurs de fonds internationaux, contributeurs annoncés au barrage de Nachtigal (420 MW). En effet, le closing financier du projet n’a pas encore eu lieu alors que l’infrastructure doit entrer en activité en 2022. Or, sans la signature par Eneo du futur contrat d’achat d’énergie, le projet reste dans l’impasse. Une menace qui n’a toutefois pas encore fait fléchir M. Fouda.

En décembre 2017, l’ancien conseiller de Paul Biya a lancé un appel à manifestation pour le recrutement d’un consultant indépendant chargé entre autres d’évaluer « les performances du partenaire actuel ». Le dépouillement des candidatures devait avoir lieu au début d’avril mais, étrangement, il n’y a eu ni annonce ni nomination. Un coup de bluff ? La partie continue.

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