Livre – « Le Caire, toile de fond » : le nouveau polar de Parker Bilal

L’écrivain anglo-soudanais Parker Bilal sort son quatrième polar, « Le Caire, toile de fond ». Makana part cette fois à la recherche d’un tableau disparu pendant la guerre du Golfe.

L’auteur anglo-soudanais Jamal Mahjoub s’embarque dans le récit de la troisième enquête du soudanais Makana, en Égypte cette fois. © Pal Fest/Flickr

L’auteur anglo-soudanais Jamal Mahjoub s’embarque dans le récit de la troisième enquête du soudanais Makana, en Égypte cette fois. © Pal Fest/Flickr

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 26 avril 2018 Lecture : 2 minutes.

C’est comme un rendez-vous avec un ami qu’on ne verrait qu’une ou deux fois l’an, mais toujours avec le même plaisir. Difficile de dire si c’est lui qui nous attend ou nous qui l’attendons… Enfin il est là, sa Cleopatra au bec, contemplant le cours sombre du Nil depuis le pont de l’awama où il vit, tandis que dans son dos Le Caire vit et meurt à perdre haleine. Le Caire, toile de fond est la quatrième enquête de Makana, ancien flic soudanais exilé en Égypte après avoir subi la torture et les violences du fondamentalisme musulman.

Dans ses yeux tristes et désabusés flotte toujours le souvenir de sa femme et de sa fille, vraisemblablement mortes alors qu’il tentait de fuir son pays. Dans ses pupilles, pourtant, reste une flamme qui brûle intensément : sa foi en la justice. C’est là ce qui le tient en vie, des idéaux moraux d’un autre temps que les extrémistes religieux ou capitalistes, la différence n’est pas nette, détestent au plus haut point.

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Polar sur fond de guerre du Golfe

Depuis Les Écailles d’or, première enquête de Makana, Parker Bilal – pseudonyme de l’auteur anglo-soudanais Jamal Mahjoub – donne toujours de la profondeur historique à ses polars. À l’articulation des XXe et XXIe siècles, ils se déroulent en Égypte avant et après les attentats du 11 septembre 2001, dans un monde dominé par le modèle libéral occidental et ses milliards de laissés-pour-compte.

L’intrigue du Caire, toile de fond prend son origine dans la première guerre du Golfe, consécutive à l’invasion du Koweït par les troupes de Saddam Hussein. À cette occasion, les Irakiens auraient raflé d’innombrables richesses, parmi lesquelles des toiles de maître d’une très grande valeur. Des Chagall, des Matisse, des Picasso, des Nolde… et surtout une œuvre disparue depuis 1945, La Tour des chevaux bleus, signée de l’expressionniste allemand Franz Marc et dont le dernier propriétaire connu était le nazi Hermann Göring.

Le Caire, toile de fond, de Parker Bilal, traduit de l’anglais par Gérard de Chergé, Seuil, 418 pages, 22 euros

Le Caire, toile de fond, de Parker Bilal, traduit de l’anglais par Gérard de Chergé, Seuil, 418 pages, 22 euros

Voilà donc Makana chargé de mettre la main sur un colonel irakien de la Garde républicaine, Kadhim al-Samari, pour le compte d’un marchand d’art égyptien. Et comme l’on pouvait s’y attendre, il met le pied dans un bourbier fétide où se croisent agents de sécurité privés, anciens militaires, prostituées, artistes ratés, petits voyous, fonctionnaires corrompus, tortionnaires fous furieux et nababs sans scrupule.

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Mais comme d’habitude, il peut compter sur une poignée de fidèles, un journaliste intègre, un chauffeur gourmand aux larges épaules, un policier honnête et loyal, et une puissante Ford Thunderbird. Tous les ingrédients sont donc réunis pour un roman caustique et haletant mené sur les chapeaux de roue.

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