Dix choses à savoir sur Saadeddine El Othmani, le chef du gouvernement marocain
Depuis un an, le chef du gouvernement marocain essaie tant bien que mal de gérer une coalition fragile et des dissensions au sein de son propre parti.
• Fils de théologien
Né en 1956 à Inezgane, une ville-dortoir située à la sortie d’Agadir, il grandit au sein d’une famille conservatrice. Son père, fqih fils de fqih, est l’un des premiers lauréats de Dar El Hadith El Hassania, un prestigieux institut de formation religieuse où lui-même décrochera un magistère à l’âge de 21 ans.
• Érudit
Durant ses années de lycée, il dévore les ouvrages des prédicateurs islamistes Hassan al-Banna ou Sayyid Qotb. Il aime partager ses lectures avec Abdellah Baha, un ami d’enfance devenu ministre d’État, qui décédera en 2014.
• Redoublant
Féru de politique, il rate d’abord son baccalauréat. Une fois accepté en faculté de médecine, il redouble à nouveau. Il se rattrapera en collectionnant les diplômes : un doctorat en médecine, spécialité psychiatrie, une licence en droit musulman et un master en lois islamiques.
• Pragmatique
Étudiant, il milite au sein de la Chabiba Islamiya, une organisation clandestine de la jeunesse islamiste, ce qui lui vaut de passer quelques semaines en prison après les émeutes de juin 1981. Depuis sa cellule, avec plusieurs codétenus (qui deviendront des cadors du Parti de la justice et du développement – PJD), il signe un communiqué par lequel il prend ses distances avec la Chabiba Islamiya pour créer la Jamaa Islamiya, plus docile.
• Négociateur
Au milieu des années 1990, il joue un rôle clé dans les tractations qui aboutiront à la naissance du PJD et de son aile religieuse, le Mouvement Unicité et Réforme (MUR).
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• Prolifique
Parmi les livres qu’il a écrits, il en est un qui a fait date : Jurisprudence de la participation politique chez Ibn Taymiyya, dans lequel il se prononce en faveur d’une participation aux législatives de 1997 et convainc un certain nombre de militants (du MUR notamment) jusque-là plutôt réticents. Lui-même est élu à Inezgane.
• Tolérant
Ses prises de position sur des sujets comme l’avortement ou le cannabis (il est favorable à leur légalisation sous conditions) détonnent avec l’approche de la « nomenklatura » islamiste. Cette capacité à concilier pensée moderniste et référentiel islamique lui a permis de s’affirmer comme un « islamiste tolérant ».
• Naïf ?
Au retour de son premier déplacement officiel en Algérie en tant que ministre des Affaires étrangères, en 2012, il est convaincu qu’il va obtenir la réouverture de la frontière. Il quittera son poste en laissant l’impression d’avoir été un homme trop franc – et peut-être trop naïf – pour être bon diplomate.
• Conciliant
En 2003, après les attentats de Casablanca, les sécurocrates appellent à la dissolution du PJD. El Othmani mène d’âpres négociations pour « sauver » le parti, mais doit faire des concessions : le PJD réduit drastiquement sa représentativité dans les communes. Au fil des années, il est resté très conciliant. Nommé à la tête du gouvernement en avril 2017, il se plie aux exigences de son allié, le Rassemblement national des indépendants (RNI).
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• Contesté
Une branche du PJD est restée fidèle à son frère ennemi, son prédécesseur à la tête du gouvernement et du PJD, le charismatique Abdelilah Benkirane. Ils ne lui facilitent pas la tâche dans la gestion quotidienne du parti. Pour ne rien arranger, ses relations avec les syndicats se sont tendues.
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