Hassan El-Houry : « Le continent contribue à 60 % à la croissance de NAS »

National Aviation Services, la filiale du logisticien koweïtien Agility spécialisée dans l’assistance à l’escale, s’est peu à peu fait une place dans la rénovation de salons d’aéroport.

 © Tareq Alaskar/NAS

© Tareq Alaskar/NAS

Rémy Darras © Francois Grivelet pour JA

Publié le 16 mai 2018 Lecture : 5 minutes.

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Présidée par Hassan El-Houry, l’entreprise koweïtienne National Aviation Services (NAS, chiffre d’affaires non communiqué) poursuit son activité d’assistance à l’escale (manutention au sol, maintenance, fret…) sur le continent. Après s’être développée en Inde, en Afghanistan, en Jordanie, elle a conquis les marchés de Tanzanie, d’Ouganda, du Liberia et, depuis 2015, de la Côte d’Ivoire.

Cette filiale de l’important groupe logistique koweïtien Agility au chiffre d’affaires de 3,88 milliards d’euros compte bien s’implanter au-delà… Mais c’est dans le domaine des salons VIP et de l’accompagnement personnalisé à l’aéroport [meet and assist] que NAS a tissé sa toile en parallèle, en remportant en 2016, au Maroc, une concession de l’Office national des aéroports (ONDA) pour la rénovation de seize salons dans les aéroports de Fès, Casablanca, Marrakech, Agadir, Tanger, Oujda, Dakhla et Laayoune, jusqu’ici gérés par l’opérateur public.

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« Ce qui fait de nous le plus grand exploitant de salons d’aéroport d’Afrique, avec trente salons », lance le responsable. Alors que le continent représente désormais plus de la moitié de la croissance de NAS, Hassan El-Houry explique à JA pourquoi il mise sur le tourisme d’affaires.

Aujourd’hui, les compagnies aériennes  investissent plus dans les services pour les passagers d’affaires et limitent les coûts pour les passagers de classe éco

Jeune Afrique : Vous avez étendu vos activités de fournisseur de services en escale aux compagnies aériennes à celui de fournisseur de services aux voyageurs. Est-ce une mutation que vous allez poursuivre ?

Hassan El-Houry : Nous sommes avant tout une société qui offre des services d’assistance en escale. Les salons sont un service complémentaire. Parfois nous visons une seule activité et pas l’autre. L’activité de ground handling (manutention au sol) est plus importante, réclame beaucoup d’investissements de notre part, d’efforts de formation. Plutôt qu’une mutation, les salons représentent un vecteur de croissance de nos activités.

Aujourd’hui, les compagnies aériennes cherchent à offrir aux passagers d’affaires des services uniques, un check-in rapide, des salons, des bus particuliers. Elles investissent plus dans les services pour les passagers d’affaires et limitent les coûts pour les passagers de classe éco, car il y a beaucoup de compétition sur ce segment. Notre objectif, c’est de devenir la compagnie leader dans les marchés émergents pour les aéroports et compagnies aériennes dans ces activités. Plus de 60 % de notre croissance globale vient de l’Afrique.

Escortés par des agents de NAS, les passagers peuvent effectuer leurs formalités de contrôle et récupérer leurs bagages plus rapidement

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La rénovation des salons d’affaires avance-t-elle ?

Nous rénovons en séquences seize salons au départ et à l’arrivée dans neuf aéroports. Le salon de Rabat a déjà rouvert. On a rénové les salons de Marrakech et du terminal 1 de Casablanca, et celui du terminal 2 rouvrira dans moins d’un mois. Les travaux à Dakhla, Tanger, Agadir, Fès et Laayoune seront terminés d’ici à la fin de l’année.

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Nous avons investi dans l’accès au wifi, le catering, les fumoirs, les chambres de jeux pour enfants, les chargeurs… Nous avons 100 collaborateurs au Maroc, nous aurons besoin de 300 employés supplémentaires à l’avenir. Nous offrons aussi des services de meet and assist, au départ et à l’arrivée. Escortés par des agents de NAS, les passagers peuvent effectuer leurs formalités de contrôle et récupérer leurs bagages plus rapidement.

Qu’est-ce qui a décidé l’ONDA à vous confier ce marché ?

Nous avons proposé une qualité de standard égale à celle des pays du Golfe, associée à des conditions de la redevance intéressantes.

Combien comptez-vous investir ?

Ces chiffres ne sont pas publics.

On est toujours prêt à investir dans le secteur de l’aviation au Maroc. La croissance en Afrique est la plus rapide après l’Asie

Vous envisagiez de réaliser 100 millions de chiffre d’affaires au Maroc en dix ans. Est-ce suffisant ?

C’était notre business plan originel, qui pourra être réévalué. Les salons au Maroc sont rentables…

Avez-vous d’autres projets dans le royaume ?

En ce moment, non. Le pays est devenu un hub entre l’Afrique, l’Europe et l’Asie. Il y a toujours des partenariats avec l’ONDA. On est toujours prêt à investir dans le secteur de l’aviation au Maroc. La croissance en Afrique est la plus rapide après l’Asie.

Comptez-vous étendre vos activités en Côte d’Ivoire au-delà de l’assistance à l’escale ?

Notre société ne gère pas le salon de l’aéroport d’Abidjan. Nous y offrons depuis un an le service meet and assist. Nous avons investi plus de 35 millions de dollars [29 millions d’euros] dans les services d’assistance à l’escale. Notre société, qui a l’exclusivité de l’assistance en escale, assurera le handling pour les jets privés comme elle le fait déjà pour les avions commerciaux.

A priori, le terminal d’aviation d’affaires devrait être géré par Aeria. Quand j’ai rencontré le Premier ministre ivoirien à la fin du mois de mars, je lui ai dit que nous étions intéressés pour les aéroports de l’intérieur. Le gouvernement ivoirien veut investir pour développer les aéroports de San Pedro, Korhogo, Yamoussoukro, Odienné. Nous sommes prêts à y former du personnel et à investir dans du matériel neuf comme nous l’avons fait à Abidjan.

Nous avons quatre nouveaux projets en Afrique dans l’assistance à l’escale, à la fois en Afrique francophone et en Afrique anglophone, deux en Afrique de l’Ouest, un en Afrique de l’Est, un en Afrique centrale

Vous ne gérez finalement pas le terminal cargo de l’aéroport Blaise-Diagne de Dakar. Envisagez-vous cependant d’y établir des activités ?

Nous y avons conservé quelques collaborateurs et notre matériel, mais nos activités ne se tiennent pas dans le contexte prévu initialement. Nous sommes encore intéressés par ce pays ; si une occasion se présente, nous serons toujours prêts. C’est plus une activité de support à l’aéroport qu’une opération globale.

Quels sont actuellement vos projets de développement en dehors du Maroc et de la Côte d’Ivoire ?

Nous avons lancé nos opérations en Ouganda, où nous avons racheté Entebbe Handling Services [Enhas]. Nous voudrions y améliorer l’expérience des passagers. Cela passe par le renouvellement des équipements existants, les bus, le service clientèle, l’introduction de meet and assist, les poussettes pour bébé. Nous avons aussi lancé des services de fret au Liberia, où nous avons signé un partenariat avec la société locale JLS.

Nous avons quatre nouveaux projets en Afrique dans l’assistance à l’escale, à la fois en Afrique francophone et en Afrique anglophone, deux en Afrique de l’Ouest, un en Afrique de l’Est, un en Afrique centrale. On en signera deux en 2018. Je souhaiterais ouvrir cinq salons par an en Afrique et travailler dans deux nouveaux pays par an pour le ground handling. Nous pouvons répondre par appel d’offres, faire une candidature spontanée, et parfois cela passe par une acquisition. Cette dernière est une solution plus facile mais en même temps plus chère. La meilleure solution reste la candidature spontanée, car on établit une société neuve, avec nos employés, notre matériel.

N’êtes-vous pas confrontés à un défaut de formation des personnels ?

Le problème en Afrique, mais aussi dans le monde arabe, c’est qu’il n’y a souvent qu’une ou deux entreprises qui font de l’assistance en escale, contre quatre ou cinq en Europe. Si vous cherchez des collaborateurs qui ont de l’expérience, vous n’avez donc pas beaucoup le choix.

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