Cinéma : « Otages à Entebbe », retour sur l’exploit militaire de Tsahal
L’intervention de Tsahal à Entebbe, en 1976, donne lieu à une adaptation hollywoodienne qui, malgré ses défauts, explique en partie le radicalisme de Benyamin Netanyahou.
La libération, en 1976, par les forces spéciales de Tsahal d’une centaine d’otages après un détournement d’avion en Ouganda, à 4 000 km de leur base, fit presque autant que la guerre des Six-Jours pour la réputation d’efficacité de l’armée israélienne. Que l’on consacre un film de type hollywoodien à ce que beaucoup considèrent comme l’un des plus grands exploits militaires de la seconde partie du XXe siècle n’est donc guère étonnant. Que la réalisation soit confiée au Brésilien José Padilha, qui s’est fait connaître en réalisant des films d’action et peu subtils comme Troupe d’élite ou RoboCop, ne surprendra pas non plus.
Que s’est-il passé fin juin 1976 ? Un vol Air France en provenance de Tel-Aviv à destination de Paris fait escale à Athènes. Juste après son décollage, avec 246 passagers à bord, trois hommes et une femme se lèvent, armes à la main. Le chef des pirates de l’air, Wilfried Böse, un libraire allemand d’extrême gauche, une compatriote appartenant comme lui à un groupe proche de la Fraction armée rouge, ainsi que deux Palestiniens membres du FPLP prennent le contrôle du cockpit. L’appareil atterrit finalement sur l’aéroport d’Entebbe, à une trentaine de kilomètres de Kampala, où règne alors Idi Amin Dada.
La libération de 53 prisonniers politiques en vue
Les auteurs du détournement réclament la libération de 53 prisonniers, essentiellement des combattants palestiniens ou propalestiniens (dont le Japonais Okamoto, auteur de l’attentat de Lod, qui avait fait 26 morts en 1972). Faute de quoi ils exécuteront leurs otages.
Amin Dada, disant se comporter en médiateur même si on le soupçonne d’être complice des « pirates », obtient que les passagers puissent quitter l’avion pour rejoindre un terminal désaffecté. Les Israéliens, d’habitude inflexibles dans ce genre de situation mais qui paraissent incapables d’intervenir si loin de leur territoire, semblent prêts à négocier, ce qui incite les terroristes à repousser plusieurs fois leur ultimatum et à libérer les femmes, les vieillards et les enfants puis la majorité des otages non israéliens.
En réalité, Tsahal s’est préparée en secret à mener un raid audacieux. Qui a lieu le soir du 3 juillet et permet en l’espace de vingt minutes de mettre en sécurité 103 des 106 otages, trois d’entre eux trouvant la mort tout comme les ravisseurs et, au passage, vingt soldats ougandais. Le chef des commandos israéliens, Yonatan Netanyahou, est également tué.
La position extrémiste de Benyamin Netanyahou
Le film raconte tout cela à la manière d’un thriller. Mais, contredisant quelque peu la version « officielle » de l’opération supposée consensuelle à Tel-Aviv, il montre à quel point le chef du gouvernement, Yitzhak Rabin, et le ministre de la Défense, Shimon Peres, se sont alors durement affrontés, le premier étant partisan de la négociation et le second, futur Prix Nobel de la paix, un faucon. Rappelant que Yonatan Netanyahou n’était autre que le frère de Benyamin, l’actuel Premier ministre, il éclaire d’un certain jour la position extrémiste de ce dernier, marqué à jamais par la disparition de son aîné.
Ajoutera-t-on qu’en accordant quelque humanité aux terroristes mais en ne prêtant aucune attention aux innocents Ougandais qui ont péri dans cette affaire Otages à Entebbe avoue un parti pris à la limite du racisme ?
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