Gestion des déchets : Ozone veut capitaliser sur son ancrage au Maroc
Multipliant les contrats dans le royaume, le groupe poursuit son expansion sur le continent. Il entend bousculer les grands acteurs du secteur grâce à sa politique de prix bas.
Gestion des déchets : des opportunités pour le secteur privé
Faute de réelle volonté politique, la plupart des États peinent à améliorer les filières de recyclage. Qui présentent pourtant de nombreux débouchés industriels.
Son PDG, Aziz El Badraoui, le raconte sur le ton de la boutade, mais sa fierté est perceptible : « Le ministre malien de l’Intérieur m’a dit : “Vos agents sont mieux vus que nos soldats.” »
À Bamako, le groupe marocain Ozone vient de signer un contrat pour le tri et l’exploitation des déchets organiques. Le premier marché qu’il y avait obtenu, il y a trois ans et demi, d’un montant de 150 millions de dirhams (13,5 millions d’euros), concernait la collecte des déchets, la gestion de la décharge et l’assainissement liquide.
La commune de Ségou (130 000 habitants) compte aussi parmi les clients de la société. Le PDG d’Ozone souhaite inscrire sa stratégie dans les pas de la « diplomatie économique » vers l’Afrique subsaharienne en œuvre depuis plusieurs années. « Le terrain est tracé, confie Aziz El Badraoui, quand vous présentez des offres en face de présidents et de chefs de gouvernement. »
On présente une offre adaptée, techniquement et financièrement, le plus réaliste possible. À Bamako, où nous avons succédé à Veolia, nous avons créé 1 500 postes
Pourtant, selon le dirigeant, c’est bien l’expertise et l’approche d’Ozone qui lui ont valu l’obtention de ces marchés : « On présente une offre adaptée, techniquement et financièrement, le plus réaliste possible. À Bamako, où nous avons succédé à Veolia, nous avons créé 1 500 postes. »
Connaissance du terrain
Au Nigeria, son groupe est en lice pour les deux tiers de la ville de Lagos, où vivent 15 millions d’habitants. Ozone compte aussi trois contrats au Soudan. Au Maroc, où il détient 49 marchés, la résiliation des contrats de Suez et, il y a peu, du libanais Averda à Casablanca éveille naturellement son intérêt.
La recette, qui semble aussi fonctionner en dehors du royaume, ce sont des prix bas, des prestations d’une « qualité irréprochable » et une très bonne connaissance du terrain. « On a une mentalité de gestion adaptée, au plus près des attentes des clients, mais aussi à l’écoute des agents de la commune, des ouvriers… », confie Aziz El Badraoui, passé par des multinationales du secteur, comme Veolia ou Pizzorno, puis par des groupes marocains avant de fonder Ozone.
De l’avis du dirigeant, il est encore tôt, au Maroc comme ailleurs en Afrique, pour instaurer le tri sélectif par les ménages
De l’avis du dirigeant, il est encore tôt, au Maroc comme ailleurs en Afrique, pour instaurer le tri sélectif par les ménages, même s’il peut être mis en place dans de petites unités résidentielles.
Le modèle est plutôt le centre de tri semi-automatique, comme celui qui vient d’être installé à Fès, une technologie allemande séparant les déchets organiques des autres, qui seront récupérés après un tri manuel. L’investissement, auquel s’est associée la BMCE Bank, s’élève à 70 millions de dirhams. L’innovation intéresse déjà des pays comme le Mali ou le Soudan.
L’acteur que l’on n’attendait pas
Créée en février 2008, l’entreprise assure d’abord des contrats de nettoyage ou de jardinage, mais Aziz El Badraoui, titulaire d’un DESS en gestion et aménagement du territoire de l’université Mohammed-V, avait son idée fixe : la gestion des déchets solides.
Le premier contrat en gestion déléguée, signé en 2010, concerne la petite commune de Had Oulad Frej. Huit ans plus tard, l’entreprise est passée de dix employés à 7 500 salariés, et a décroché des marchés dans 49 villes, dont Essaouira et Fès.
Dans cette ville, 42 « chiffonniers » ont été formés et intégrés à Ozone, comme l’exigent les contrats de délégation. En 2017, le chiffre d’affaires était de 51,5 millions d’euros, dont 34 % réalisés au sud du Sahara.
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