Mali – Tiébilé Dramé : « Si nous voulons voir nos idées triompher, nous devons nous rassembler »
Le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé appelle l’opposition à se mobiliser autour de Soumaïla Cissé, son chef de file.
Présidentielle au Mali : dernière ligne droite
Quels sont les réussites et les échecs du quinquennat d’IBK ? Qui sont les principaux candidats à sa succession ? Paysage avant la bataille à l’approche du scrutin du 29 juillet.
Membre très actif de l’opposition, le président du Parena a été candidat à la présidentielle en 2002 et en 2007. En 2013, il s’était retiré de la course avant le premier tour, considérant que les conditions pour la tenue d’une élection régulière n’étaient pas réunies. Aujourd’hui, il appelle l’opposition à se mobiliser autour de Soumaïla Cissé, son chef de file.
Jeune Afrique : Quel rôle jouez-vous au sein de l’opposition ?
Tiébilé Dramé : Mon rôle est de rassembler pour parvenir à l’alternance. Si nous voulons voir nos idées triompher, nous devons nous regrouper autour d’un programme. Et ensuite discuter, entre signataires, pour définir la personne la mieux placée pour porter ce programme.
Le Mali est dans une situation sans précédent, et il est temps de mettre en place une grande coalition d’opposition, afin de donner un signal fort au peuple malien, aux pays de la sous-région et à la communauté internationale.
Quelles sont les chances de l’opposition lors du prochain scrutin présidentiel ?
Rarement une opposition n’a disposé d’autant d’atouts. Le président est aujourd’hui abandonné par la quasi-totalité de ceux qui l’ont soutenu en 2013. Il a échoué à réunifier le pays et à ramener la paix. La situation sécuritaire actuelle est pire qu’en 2013. La corruption et la gabegie ont atteint un niveau jamais égalé. Le pays a un profond désir de changement. Mais, pour cela, il faut que nous soyons unis.
Quelles conséquences peut avoir l’actuelle crise alimentaire, économique et sécuritaire sur l’élection présidentielle ?
Le peuple connaît de réelles difficultés pour joindre les deux bouts. Cette situation peut amener les gens à vouloir changer de pouvoir, mais cela peut aussi faciliter l’achat de votes auprès de certains.
Quant à la situation sécuritaire, elle s’est aggravée. Le Premier ministre est en fonction depuis plus de cent jours, et ses initiatives n’ont donné jusque-là aucun résultat tangible. Pourtant, le pays compte ses morts. Plus de 440 écoles sont fermées, 1 123 enseignants ont abandonné leur poste, 49 000 élèves ne peuvent aller en cours… Il est à craindre que beaucoup de citoyens ne puissent pas se rendre à leur bureau de vote lors de la prochaine élection.
Que répondez-vous aux propos de Choguel Kokala Maïga, ex-ministre de la Communication, selon lesquels vous auriez tenté de renverser le chef de l’État lors des manifestations antiréférendum ?
Il se trompe ! Nous avions lancé un ultimatum au président de la République pour qu’il retire son projet. Nous avions prévu de demander ensuite à l’Assemblée nationale de mettre le chef de l’État en accusation pour haute trahison. Des leaders religieux et des membres de la société civile sont alors venus nous demander de surseoir à l’ultimatum, et j’ai personnellement insisté pour donner une chance aux négociations. Aujourd’hui encore, certains jeunes me reprochent d’avoir sauvé ce régime.
Vous critiquez l’exécutif pour son inaction, pourtant vous vous êtes opposé à la révision de la Constitution, qui aurait pu renforcer certains aspects de l’accord de paix…
Cette révision ne reposait sur aucun consensus. Et elle ne peut se faire tant que l’intégrité du territoire est menacée. Plutôt que de toucher à la Constitution, il existe d’autres mécanismes pour intégrer les recommandations de l’accord de paix. Et si l’application de cet accord a pris du retard, c’est bien à cause du manque de volonté du gouvernement à vouloir l’appliquer.
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