Présidentielle au Mali : un air de déjà-vu

À un mois de la clôture du dépôt des candidatures, tour d’horizon des principaux prétendants à la magistrature suprême et de leurs positionnements respectifs.

Un bureau de vote pour les élections législatives du Mali à Gao, le 24 novembre 2013. (photo d’illustration) © Jerome Delay/AP/SIPA

Un bureau de vote pour les élections législatives du Mali à Gao, le 24 novembre 2013. (photo d’illustration) © Jerome Delay/AP/SIPA

Aïssatou Diallo.

Publié le 12 juin 2018 Lecture : 4 minutes.

A Bamako, lors de la campagne présidentielle de 2013. © REUTERS/Joe Penney
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Présidentielle au Mali : dernière ligne droite

Quels sont les réussites et les échecs du quinquennat d’IBK ? Qui sont les principaux candidats à sa succession ? Paysage avant la bataille à l’approche du scrutin du 29 juillet.

Sommaire

À l’approche du scrutin, la liste des candidats s’allonge. Ils sont déjà une quinzaine. Opposants bien rodés, anciens ministres ou députés, souvent passés par l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema-PASJ) – principale alliée du Rassemblement pour le Mali (RPM) au sein de la majorité – avant de créer leur parti… la plupart d’entre eux sont des habitués de la scène politique.

Depuis les années 1990, la classe politique malienne ne s’est renouvelée qu’à la marge, et le casting de cette présidentielle ne devrait pas être bien différent de celui de 2013. Peut-être moins pléthorique tout de même – à l’époque, 28 candidatures avaient été retenues.

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Par ailleurs, les alliances ont évolué. L’Adema est tiraillée entre la volonté de sa base de présenter un candidat issu de ses rangs et celle d’une partie de ses cadres de soutenir Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), alors que d’autres préféreraient s’engager derrière le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé. Lequel tente de constituer une « coalition pour l’alternance » avec d’autres leaders. Quant à l’Alliance démocratique pour la paix (ADP-Maliba), elle a quitté la majorité et présentera son propre candidat, l’homme d’affaires Aliou Boubacar Diallo. À un mois de la clôture du dépôt des candidatures, fixée au 29 juin, portraits de quelques-uns des principaux compétiteurs.

• Modibo Sidibé

La candidature de Modibo Sidibé est portée par le Nouveau Pôle politique de la gauche républicaine et démocratique (NPP), dont fait partie son mouvement, les Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (« Fare An ka Wuli »). Militaire de formation, il a été ministre, puis chef de gouvernement d’Amadou Toumani Touré de 2007 à 2011. À 65 ans, il se présente à la présidentielle pour la deuxième fois. En 2013, arrivé quatrième à l’issue du premier tour (4,9 % des voix), il avait appelé à voter pour Soumaïla Cissé au second tour.

• Soumaïla Cissé

Soumaïla Cissé, à Paris en octobre 2011 (archives). © Vincent Fournier/JA

Soumaïla Cissé, à Paris en octobre 2011 (archives). © Vincent Fournier/JA

Président de l’Union pour la République et la démocratie (URD) et chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé est le principal candidat déclaré face à IBK. À 68 ans, il se présente pour la troisième fois, après avoir rassemblé 22,38 % des suffrages exprimés au second tour, en 2013, face à IBK. Figure majeure de la politique malienne, l’économiste a notamment été ministre des Finances à plusieurs reprises dans les années 1990-2000 et président de la Commission de l’Uemoa de 2004 à 2011. Les leaders de l’opposition d’autres pays de la sous-région, comme le Burkinabè Zéphirin Diabré et le Guinéen Cellou Dalein Diallo, ont fait le déplacement pour son investiture en tant que candidat de l’URD, le 12 mai, à Bamako. Il soigne aussi régulièrement ses réseaux en France.

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• Moussa Mara

Moussa Mara, président du parti Yelema. © Vincent Fournier/JA

Moussa Mara, président du parti Yelema. © Vincent Fournier/JA

Cet ancien expert-comptable a annoncé sa candidature le 8 avril. Déjà dans la course en 2013, il n’avait alors recueilli que 1,53 % des voix et avait soutenu IBK au second tour. Il fut ensuite ministre de la Politique de la ville en 2013, puis Premier ministre d’avril 2014 à janvier 2015. Son passage à la primature a été marqué par sa visite à Kidal, en mai 2014, au cours de laquelle plusieurs dizaines de soldats maliens avaient perdu la vie. À 43 ans, le président du parti Yéléma (« le changement », en bambara) se positionne comme le candidat de la jeunesse : « Le pays ne peut plus se permettre d’avoir un leadership qui recycle les mêmes recettes depuis des décennies, sans succès », estime-t-il.

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>>> A LIRE –Mali : Tiébilé, Oumar, Soumaïla et les autres… les opposants en route vers la présidentielle

• Housseini Amion Guindo

Housseini Amion Guindo, député CODEM de la région de Sikasso, en 2010 à Bamako. © Émilie Régnier pour Jeune Afrique

Housseini Amion Guindo, député CODEM de la région de Sikasso, en 2010 à Bamako. © Émilie Régnier pour Jeune Afrique

La démission du gouvernement du président de la Convergence pour le développement du Mali (Codem), Housseini Amion Guindo, dit Poulo, à quelques mois de la présidentielle a été interprétée comme une manœuvre stratégique. Il a été choisi le 26 mai pour être le porte étendard du parti de la quenouille. Après avoir recueilli un peu moins de 5 % des suffrages au premier tour en 2013, l’ancien membre du parti présidentiel s’était rallié à IBK au second tour, comme une vingtaine d’autres candidats. Fondé en 2008, le Codem compte cinq députés et il est considéré comme la quatrième force politique du pays.

• Oumar Mariko

Oumar Mariko, à Bamako en mai 2018. © emmanuel daou bakary pour ja

Oumar Mariko, à Bamako en mai 2018. © emmanuel daou bakary pour ja

D’obédience marxiste, le secrétaire général du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi) est réputé pour ses coups de gueule à l’encontre des gouvernements successifs.

Son engagement remonte à l’époque où il était étudiant et militait au sein de l’Union des élèves et étudiants du Mali (Uneem). Oumar Mariko, 59 ans, qui est à sa quatrième participation à un scrutin présidentiel a pour slogan cette année « Changer les choses ».

Son résultat est passé de 0,88 % des suffrages en 2002 à 2,87 % en 2013. Après avoir soutenu IBK pour le second tour de la présidentielle en août 2013, le tonitruant docteur de l’extrême gauche malienne s’est ensuite rallié au groupe parlementaire de l’ADP-­Maliba à l’issue des législatives.

• Aliou Boubacar Diallo

Aliou Boubacar Diallo, le patron de Wassoul’or, a fondé l’ADP-Maliba en 2013. © Vincent Fournier/JA

Aliou Boubacar Diallo, le patron de Wassoul’or, a fondé l’ADP-Maliba en 2013. © Vincent Fournier/JA

Ancien soutien d’IBK, cet entrepreneur a décidé de franchir le pas et se présente pour la première fois à la présidentielle. Le parti qu’il a créé en janvier 2013, l’Alliance démocratique pour la paix-Maliba (ADP-Maliba, « Maliba » signifiant « Grand Mali », en bambara), a quitté la majorité présidentielle en août 2016.

Considéré comme l’un des plus importants hommes d’affaires du pays, Aliou Boubacar Diallo, 58 ans, est le propriétaire et PDG de Wassoul’Or, qui exploite le gisement de Kodiéran, dans la région de Sikasso, et président de Petroma Mali, spécialisée dans l’exploration et la production de pétrole et de gaz dans la région de Koulikoro, près de Kati.

Cet article, initialement publié dans notre n°2994, a été réactualisé ce 12 juin 2018.

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