Face-à-face : Khadim Bâ et Mansour Elimane Kane, deux visions opposées pour la SAR
La Société africaine de raffinage (SAR) est au cœur d’un bras de fer entre Khadim Bâ, patron de Locafrique, et Mansour Elimane Kane, ministre sénégalais du Pétrole.
Rien ne va plus pour la Société africaine de raffinage (SAR). Contrôlée par l’État à travers Petrosen, l’entreprise est au cœur d’un conflit entre Mansour Elimane Kane, ministre sénégalais du Pétrole, et Khadim Bâ, fondateur de Locafrique, un spécialiste du crédit-bail, son principal actionnaire privé (34 % du capital).
Tout a débuté par la révélation d’un contrat de 400 milliards de F CFA (610 millions d’euros), en cours d’exécution, signé en août 2017 sans appel d’offres par Oumar Diop, directeur général de la SAR, avec Oryx Energies. Entré au capital quelques jours auparavant en reprenant les parts du groupe saoudien Bin Laden, Khadim Bâ a immédiatement dénoncé les errements de la direction soutenue par Mansour Elimane Kane. Payées au-dessus du prix du marché, les livraisons de brut donneraient en outre lieu à d’importantes surfacturations.
Un dossier dans l’impasse
En avril, le financier a déposé deux plaintes, à Londres et à Dakar, afin que toute la lumière soit faite sur ce contrat. Le bras de fer aurait pu se solder par le départ d’Oumar Diop en avril, alors qu’un conseil d’administration est convoqué en juin pour réviser le contrat. Mais il se prolonge depuis par le refus du ministre d’appliquer l’accord signé avec Locafrique au moment de son entrée au capital. Ce dernier prévoit le transfert de 17 des 45 % du capital de la SAR détenus par Petrosen vers le groupe de Khadim Bâ en échange de l’apport de 70 millions d’euros pour financer le plan de développement de l’entreprise.
Tandis que le financement a été obtenu, les discussions entre les deux parties sont au point mort, explique l’homme d’affaires. En cause, deux visions stratégiques antagonistes pour le futur de la SAR. Le ministre souhaite la construction immédiate d’une nouvelle raffinerie, quand le patron de Locafrique opte pour une extension de sa capacité de traitement (de 1,2 million à 2 millions de tonnes par an), avant d’envisager une nouvelle infrastructure d’ici à huit ans. Contacté par JA, Mansour Elimane Kane a refusé de s’exprimer. Remonté jusqu’au président de la République, le dossier reste, pour le moment, dans l’impasse.
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