Algérie : le port de Béjaïa, au cœur d’une bataille entre Cevital et EPB

Depuis plus d’un an, le premier port kabyle, Béjaïa, est le théâtre d’une bataille féroce entre le groupe Cevital et Djelloul Achour, le PDG de l’Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB).

Le port de Béjaia, en 2013. © Flickr / Lazhar Neftien / Creative Commons

Le port de Béjaia, en 2013. © Flickr / Lazhar Neftien / Creative Commons

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Publié le 6 juin 2018 Lecture : 1 minute.

Issad Rebrab, entrepreneur algérien, PDG du groupe industriel Cevital, le 21 novembre 2012. © Bruno Levy pour Jeune Afrique
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Le conflit a atteint un nouveau palier le 14 mai quand plusieurs milliers de personnes défilent dans les rues de la ville à l’appel de la Coordination nationale de soutien aux travailleurs de Cevital. En mars puis en mai 2017, le PDG de l’EPB a en effet interdit l’accès au port à deux bateaux chinois qui transportaient les éléments constitutifs d’une usine de production d’huile appartenant à ­l’entreprise d’Issad Rebrab. Des cargaisons de ­conteneurs toujours en attente aujourd’hui de l’autre côté de la Méditerranée, notamment au port belge d’Anvers.

Pour justifier son refus, Djelloul Achour avait à l’époque déclaré à Jeune Afrique que Cevital n’avait « ni le terrain où installer son usine ni l’autorisation d’importer ces équipements », ce qui aurait pu « congestionner la zone portuaire ». Si ces ­arguments étaient alors réfutés par Cevital, le groupe prétend avoir depuis acquis un terrain à l’extérieur du port avec les autorisations nécessaires… sans parvenir toutefois à infléchir la position des autorités portuaires.

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Des plans contrecarrés

Selon un fidèle soutien du milliardaire, l’affaire est simple : « On veut mettre Issad Rebrab à genoux. » Depuis 1998, le groupe importe en effet de l’huile brute qu’il raffine en huile alimentaire commercialisable. Un business lucratif qui représenterait selon nos sources près de 20 % des bénéfices du groupe. Or une usine de trituration de graines lui ­permettrait de remonter la chaîne de valeur et ­d’augmenter mécaniquement ses marges. Mais Issad Rebrab est loin d’être le seul sur le coup.

Pendant que ses conteneurs sont bloqués en Europe, KouGC (via la société Nutris), l’entreprise des frères Kouninef, et la société de trading libanaise Sipaco ont chacune annoncé en 2017 leur intention d’investir dans la construction d’une usine de trituration. De quoi sérieusement contrecarrer les plans de Cevital… voire plus. « En extrapolant, résume un ancien cadre de Cevital, on peut penser qu’une fois terminées ces usines le gouvernement va interdire l’importation d’huile brute. Et là, Rebrab sera vraiment à la merci de ses concurrents. »

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